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« Parti en quenouille lors de la crise du Covid-19, le cours du coton s’emballe »

Le coton a la cote. Il ne cesse de s’apprécier. A preuve, la livre de fibre blanche naturelle se négocie à plus de 1,1 dollar (0,95 euro). Il faut remonter le fil du temps jusqu’en 2011 pour renouer avec un tel niveau de prix. Depuis janvier, la progression dépasse les 40 %. Pas de doute, le cours du coton s’emballe.

Le rebond est d’autant plus spectaculaire qu’au moment où a éclaté la crise due au Covid-19, la fibre naturelle partait en quenouille. Son prix était passé, en avril 2020, sous la barre des 50 cents la livre. Fermeture des commerces et des centres commerciaux, moindre renouvellement de la garde-robe, le marché de l’habillement a tourné au ralenti avec les mesures de confinement. Résultat, la consommation de coton a baissé de 12 % lors de la saison 2019-2020.

Le retour des clients en boutique, assorti de la remise en route des usines textile et des filatures en Chine, au Vietnam, en Inde, au Pakistan ou au Bangladesh, a relancé la demande de fournitures. Sans compter que la Chine, qui a pris les autres pays de vitesse lors du redémarrage, s’est mise à faire des emplettes de coton à tour de bras. Or, si l’ex-empire du Milieu dispute à l’Inde le titre de plus grand fournisseur de coton au monde, il en est aussi le premier importateur.

Le fil de la spéculation

Dans ce contexte de fièvre acheteuse, les aléas climatiques ont limité la production indienne et chinoise. Résultat, après un premier déficit entre production et consommation mondiale sur la période 2020-2021, un second déficit est attendu sur la saison en cours, qui s’achèvera mi-2022, avec un volume de balles de fibre estimé à 25,7 millions de tonnes. Même si les entrepôts ne manquent pas de marchandise, ces éléments sont scrutés par les investisseurs. Ils surveillent également de près la production américaine. Là encore, la météo a fait des siennes et les planteurs ont dû retarder la récolte.

Le sort du coton se joue sur cette toile de fond conjoncturelle. Mais aussi sur le tapis vert des enjeux géopolitiques avec en filigrane le bras de fer sino-américain. En effet, en 2020, Donald Trump a décidé d’interdire toute importation de vêtements en coton chinois fabriqués dans la province chinoise du Xinjiang, grosse pourvoyeuse de coton mais boycottée par de grandes marques et le gouvernement américain pour protester contre le travail forcé de la minorité ouïghoure. Des accusations niées par Pékin, prêt à dégainer des actions de boycott d’enseignes de magasins et de marques en mesure de rétorsion.

Mais l’embargo américain de s’applique pas si le coton des vêtements chinois est made in USA… D’où le flux massif d’importations de fibre américaine par la Chine. D’autant que Pékin s’était aussi engagé, début 2020, à accroître ses achats de biens américains. Pour compléter le tableau, il ne reste plus qu’à tirer le fil de la spéculation. Le flux d’argent déversé pour soutenir les économies en temps de pandémie concourt à faire flamber le cours des matières premières. Et le coton est un matériau absorbant…

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