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Au Nicaragua, une élection sur fond de répression

Une conférence de presse d’exilés nicaraguayens visant à dénoncer le processus électoral au Nicaragua, avant le scrutin présidentiel et législatif du 7 novembre, à San José, au Costa Rica, le 4 novembre 2021. MAYELA LOPEZ / REUTERS

Chaque jour, une patrouille s’arrête à la hauteur de sa maison. Six policiers s’alignent ostensiblement devant ses fenêtres, prennent des photos, puis repartent. Paulo n’est pas le vrai prénom de ce quinquagénaire qui vit dans une petite ville proche de Managua, la capitale du Nicaragua. Stressé, fatigué, un peu déprimé, Paulo paie cher son opposition au régime du président, Daniel Ortega, qui s’achemine vers une troisième réélection, dimanche 7 novembre. Un scrutin sans concurrent pour l’ancien guérillero sandiniste et son épouse, Rosario Murillo, devenue sa vice-présidente. Sept candidats ont été arrêtés, tous les partis d’opposition dissous. Le rouleau compresseur de la répression a mis K.-O. la révolte populaire qui réclame, depuis plus de trois ans, le départ du couple présidentiel.

En prison, cloîtrés chez eux ou en exil, les opposants espèrent une abstention massive et appellent à l’aide la communauté internationale. « Je me demande toujours s’ils viennent m’arrêter », s’inquiète Paulo, qui milite au sein de l’Unité nationale bleu et blanc (UNAB) fédérant une partie des mouvements protestataires. Porté par les étudiants, le soulèvement spontané et pacifique avait gagné, en avril 2018, toutes les couches sociales de ce petit pays (6,6 millions d’habitants) d’Amérique centrale. La répression a été féroce : 328 morts, près de 2 000 blessés et plus de 1 600 prisonniers. Depuis, tout rassemblement est empêché par une police omniprésente.

Six des sept candidats de l’opposition à la présidentielle emprisonnés cet été sont visés par une loi liberticide votée, fin 2020, par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), majoritaire à l’Assemblée. Baptisée « loi guillotine », le texte les accuse de « trahison à la patrie ». La septième candidate n’est autre que Cristiana Chamorro, fille de Violeta Chamorro, ancienne présidente (1990-1997) qui avait battu dans les urnes M. Ortega au pouvoir de 1979 à 1990, puis de 2007 à aujourd’hui. Accusée de « blanchiment d’argent » à travers la fondation pour la liberté de la presse qui porte le nom de sa mère, Mme Chamorro est, depuis le 2 juin, en résidence surveillée, empêchée de participer au scrutin.

Cette vague d’arrestations préélectorales a frappé 32 autres opposants politiques, défenseurs des libertés et journalistes, qui ont rejoint derrière les barreaux une centaine de prisonniers politiques. « Ils subissent des tortures », dénonce Ana Lucia Davila, sœur d’une des leaders de l’UNAB réduite à l’isolement, sous-alimentée, interrogée tous les jours.

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