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COP26 : le lexique pour comprendre le jargon autour de la crise climatique

Publié le : 05/11/2021 – 08:05

Atteindre la neutralité carbone, améliorer l’adaptation au changement climatique… Que signifient ces expressions utilisées à foison par les institutions et les médias ? France 24 décrypte plusieurs d’entre elles, primordiales pour comprendre les enjeux de la COP26 sur le réchauffement de la planète. 

Giec

En août dernier, le 6e rapport du Giec sur le changement climatique avait dressé un état des lieux alarmant de la crise climatique. Ses travaux sont très régulièrement cités dans le cadre de la COP26, qui se tient jusqu’au 12 novembre, à Glasgow, en Écosse. Le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est un organe scientifique créé par les Nations unies en 1988. Il détermine les causes et conséquences du changement climatique, établit des scénarios possibles et évalue les possibilités pour limiter l’ampleur de la crise. Il publie régulièrement des rapports très attendus sur l’évolution du climat qui font la synthèse des connaissances scientifiques sur le sujet. Autrement dit, le Giec ne mène pas ses propres études. Les rapports qu’il élabore ne sont pas contraignants mais servent de base aux États pour établir leurs politiques climatiques et pour débattre lors des grandes réunions internationales, à l’instar des COP. 

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Composé de scientifiques (climatologues, économistes, biologistes…), le Giec se veut donc objectif et purement scientifique. Pourtant, il est composé de représentants de 195 États membres qui élisent des scientifiques reconnus par leurs pairs et qui sont issus de différents pays. Ces experts sont ensuite chargés de rédiger des rapports en faisant appel à d’autres auteurs scientifiques. 

Contributions déterminées au niveau national (CDN) 

Les CDN correspondent aux engagements pris par chacun des 196 pays signataires de l’accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement climatique dans une fourchette comprise entre 1,5°C et 2°C d’ici 2100 par rapport aux niveaux préindustriels (milieu du XIXe siècle). Dans la majeure partie des cas, ces objectifs visent l’horizon 2030 et 2050. 

Ainsi, l’accord de Paris se distingue par son caractère volontariste : il n’impose pas aux pays d’atteindre des objectifs fixés en haut-lieu, par l’ONU par exemple. Les pays sont donc libres de déterminer leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. L’un des enjeux de la COP26 est à la fois de vérifier si les États sont sur la bonne voie pour réaliser leurs CDN. Il s’agit également de pousser les pays à modifier leurs CDN pour les rendre plus ambitieuses. Problème : moins d’un mois avant la COP26, les CDN communiquées par les États montraient qu’ils étaient globalement sur la mauvaise trajectoire. Selon un rapport des Nations unies, la somme de ces CDN conduirait à une hausse de 16 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 2010. « Une telle augmentation pourrait entraîner une hausse de la température d’environ 2,7°C d’ici la fin du siècle », a alerté l’ONU. 

Atténuation 

Chacun d’entre nous est confronté à des mesures d’atténuation du changement climatique. C’est le cas lorsque l’on remplace sa voiture à carburant fossile par une voiture électrique. Toute action visant à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre est une mesure d’atténuation du changement climatique. La « séquestration du carbone » fait également partie de ces méthodes. Celle-ci permet de récupérer du dioxyde de carbone (aussi appelé CO2) en excès dans l’atmosphère et de le stocker dans la nature.

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L’un des exemples les plus emblématiques est la plantation d’arbres car ces derniers absorbent le dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre sur la planète. Toutefois, les arbres peuvent aussi libérer du carbone et leur capacité d’absorption du CO2 n’est pas équivalente selon les zones géographiques. Ce n’est pas non plus une solution miracle face à l’ampleur de la crise climatique.

Adaptation

L’adaptation au changement climatique est, quant à elle, focalisée sur le futur. Ce sont toutes les politiques qui visent à protéger les populations et la nature contre les menaces potentielles liées au changement climatique. Cela inclut, par exemple, la construction de digues le long du littoral pour se protéger de l’élévation des océans ou encore l’utilisation des énergies renouvelables. L’adaptation au changement coûte cher et est décisive pour les pays en développement, particulièrement vulnérables face aux catastrophes naturelles. Dans un rapport publié jeudi, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) a estimé que ces coûts atteindraient entre 140 et 300 milliards de dollars par an d’ici 2030 et entre 280 et 500 milliards par an d’ici 2050 pour les seuls pays en développement. « Les coûts estimés sont cinq à dix fois plus élevés que les flux de finance publique internationale destinée à l’adaptation », souligne le PNUD. 

Neutralité carbone 

La neutralité carbone correspond à un équilibre entre les émissions de carbone et son absorption par les puits de carbone (forêts, sols ou océans par exemple). Atteindre la neutralité carbone signifie rejeter autant de carbone que l’on en absorbe, que ce soit par des moyens naturels (forêts ou sols) ou technologiques. La liste des pays (Inde, Arabie saoudite, Australie, Chine, etc.) qui promet de l’atteindre s’allonge, tout comme celle des grandes multinationales (Total Energies, Saudi Aramco, Google, Amazon, Facebook etc.).

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Ces annonces se veulent en adéquation avec l’objectif numéro 1 de l’accord de Paris : atteindre la neutralité carbone d’ici la deuxième moitié du XXIe siècle. Mais tous les pays n’ont pas annoncé la même trajectoire : l’Inde, l’un des plus gros pollueurs de la planète, vise la neutralité carbone à l’horizon 2070 tandis que l’Union européenne vise 2050. Les ONG et certains observateurs craignent, par ailleurs, que ce concept incite à se focaliser sur des mesures d’atténuation du changement climatique, sans pour autant limiter les émissions de gaz à effet de serre. Les horizons cités sont, en outre, lointains, faisant redouter seulement des effets d’annonce et des fausses promesses de la part des États. 

Pertes et préjudices 

C’est un principe essentiel de la justice climatique. Aussi appelés effets résiduels, les pertes et préjudices sont des dégâts irréversibles provoqués par le changement climatique. Parmi eux figurent, selon la fédération d’ONG Réseau action climat, « la disparition de territoires en raison de la montée du niveau des mers », « la salinisation des terres qui les rendent non cultivables » ou encore « les mouvements migratoires forcés ». Cette notion, peu connue du grand public, est au cœur des discussions à Glasgow.

Les petits États insulaires et les pays en développement sont, en effet, en première ligne et ont besoin de moyens financiers suffisants pour protéger leurs territoires. Le financement est le nerf de la guerre dans cette équation, et les pays en développement, frappés de plein fouet par un dérèglement dont ils ne sont que marginalement responsables, demandent que soit enfin tenue la promesse vieille d’une décennie d’un financement de 100 milliards de dollars par an de la part des pays développés.

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