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A la COP26, les promesses du Japon masquent mal les limites de sa politique environnementale

Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, lors de la 26e conférence mondiale sur le climat (COP26) de Glasgow, 2 novembre 2021. ADRIAN DENNIS / AP

Le Japon s’est engagé, mardi 2 novembre, lors la 26e conférence mondiale sur le climat (COP26) de Glasgow, à débloquer 10 milliards de dollars sur cinq ans pour aider l’Asie à atteindre l’objectif de la neutralité carbone et 240 millions de dollars (207 millions d’euros) pour la préservation des forêts. Cette annonce peine toutefois à masquer les limites de la politique environnementale de l’Archipel, cinquième émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES).

« Le Japon poursuivra ses efforts en vue de parvenir à des émissions nettes nulles en Asie, le moteur de la croissance économique mondiale », a déclaré le premier ministre, Fumio Kishida, en visite éclair à Glasgow. Souhaitant démontrer le volontarisme de son pays, M. Kishida a également confirmé les engagements pris en octobre 2020 par son prédécesseur, Yoshihide Suga, pour la neutralité carbone d’ici à 2050, et en avril de porter à 46 %, contre 26 % auparavant, par rapport aux niveaux de 2013, l’objectif de réduction des GES d’ici 2030.

Pour y parvenir, le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) a dévoilé fin octobre le sixième plan national sur l’énergie, qui fixe la part des renouvelables dans le bouquet énergétique de 36 % à 38 % d’ici 2030, contre 22 %-24 % dans le plan précédent. Le reste serait assuré à 20 %-22 % par le nucléaire, à 41 % par les énergies fossiles et à 1 % par l’hydrogène et l’ammoniac, les nouvelles priorités du gouvernement, l’ammoniac pouvant remplacer le charbon dans des centrales thermiques, sans modifications importantes. Des discussions sont en cours sur le prix du carbone et la taxonomie des produits financiers durables.

Le pays « avance trop lentement »

Cela reste insuffisant, estiment les défenseurs de l’environnement, d’autant plus que le Japon peine à sortir de sa dépendance au charbon, exacerbée après la catastrophe de Fukushima de 2011, qui l’a contraint à stopper ses 54 réacteurs nucléaires. Les 150 centrales au charbon généraient en 2020, 32 % de la production totale d’électricité. Critiqué sur ce point à la COP25 de Madrid en 2019, Tokyo a annoncé le démantèlement des sites les plus fortement émetteurs de CO2. Mais 17 projets de nouvelles centrales sont toujours en cours.

« Le Japon avance trop lentement. Le gouvernement ne comprend pas les problématiques environnementales », regrette Sayuri Shirai, spécialiste de l’aménagement à l’université Keio. Le choix de 2013 comme année de référence pour les réductions d’émissions est critiqué car, cette année-là, les émissions japonaises ont atteint 1,41 milliard de tonnes équivalent CO2, proche du record historique de 2007. Les promesses sur les renouvelables sont aussi discutées. « Le choix d’augmenter leur part d’ici 2030 est intéressant mais elle est déjà à 20 % et il reste neuf ans. L’objectif est aisément réalisable. Il faudrait l’avoir porté à plus de 50 % », juge Kimiko Hirata, de l’ONG nippone, Kiko Network.

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