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Coup d’Etat au Soudan : la crise économique, une aubaine pour les militaires

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Des Soudanais font la queue devant une boulangerie à Khartoum, le 28 octobre 2021. AFP

Réviser ses examens sous le halo d’un lampadaire, dormir à la station d’essence en espérant pouvoir faire le plein à l’ouverture, se réveiller à l’aube pour être sûr de trouver du pain à la boulangerie, refuser des rendez-vous à l’autre bout de la ville car le prix du bus a doublé… Au Soudan, la crise économique plombe le quotidien depuis plus d’un an.

Le marasme est tel qu’il a contribué à nourrir un sentiment d’amertume au sein de la population qui espérait un nouveau départ après la chute de l’autocrate Omar al-Bachir, renversé en 2019. C’est dans cette brèche, entre autres, que se sont engouffrés les militaires pour justifier leur coup d’Etat, lundi 25 octobre.

Après avoir dissous le gouvernement censé assurer la transition vers la démocratie et arrêté ministres et hauts responsables civils, le général Abdel Fattah al-Bourhane, désormais seul aux commandes, a déclaré que « les forces politiques ne se souci[aient] pas de résoudre les problèmes des citoyens ». Son adjoint au conseil de souveraineté, le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemetti », avait déjà tenu le même genre de discours, faisant porter le chapeau des multiples crises au gouvernement du premier ministre Abdallah Hamdok.

Après la chute de Bachir, le tandem militaro-civil qui s’est partagé les autorités de transition a hérité d’un Soudan en faillite. Et ses efforts n’ont pas réussi à endiguer la dégringolade économique. Les mesures d’austérité mises en place pour rentrer dans les clous fixés par le Fonds monétaire international (FMI) ont permis au pays de commencer à éponger sa dette (estimée à plus de 50 milliards d’euros) auprès des bailleurs de fonds internationaux. Mais elles ont eu de fortes répercussions sur les ménages modestes – autant dire la majorité de la population.

La suppression par étapes des subventions sur la farine et les carburants et l’introduction d’un taux de change flottant en février (qui a correspondu à une dévaluation brutale de 85 % de la livre soudanaise) ont fait monter les prix en flèche. En juillet, l’inflation dépassait 400 % sur un an pour les produits de base. Ce même mois, le mouton de l’Aïd al-Adha était vendu quatre fois plus cher que l’année précédente, à cause de l’augmentation des coûts de transport. Outre cette valse des étiquettes, les Soudanais ont dû s’habituer aux coupures d’électricité et à des pénuries chroniques d’essence ou de médicaments.

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