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Le Quai d’Orsay en ébullition en raison de la fin annoncée de deux corps historiques

Le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le 18 octobre au Vatican. ALBERTO PIZZOLI / AFP

L’arbitrage a été rendu contre l’avis initial du ministre, Jean-Yves Le Drian, et suscite un vif émoi au sein du ministère des affaires étrangères (MAE). Les deux corps constituant la hiérarchie du Quai d’Orsay vont être supprimés dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique, engagée par le président Emmanuel Macron. Depuis son annonce aux représentants du personnel, vendredi 22 octobre, cette décision génère une vive inquiétude sur les modalités futures de recrutement et de fonctionnement du ministère.

La mesure concerne en effet deux corps au cœur des rouages de la diplomatie française : celui des conseillers des affaires étrangères et celui des ministres plénipotentiaires, qui vont être « mis en extinction » à partir de 2023. Au total, quelque 800 hauts fonctionnaires sont concernés, sur 1 800 diplomates de catégorie A. Ces personnels sont soit issus de l’Ecole nationale d’administration (ENA), soit, le plus souvent, recrutés par le biais du très sélectif concours d’Orient. Une institution héritée de l’époque napoléonienne, dont l’existence pourrait désormais être remise en cause, à en croire les plus pessimistes. « C’est un vrai choc, car les gens qui ont passé ce concours l’ont fait pour devenir diplomates, par attrait pour l’international, et pas pour devenir fonctionnaires », réagit sous le couvert de l’anonymat un ancien ambassadeur.

Cette évolution s’inscrit dans un chantier plus vaste mené par la ministre chargée de la fonction publique, Amélie de Montchalin, sous la houlette de l’Elysée. Des réflexions ont été engagées voici deux ans au sein du ministère afin d’assurer davantage de parité et de diversité dans le profil des hauts diplomates et des ambassadeurs, ainsi qu’une meilleure mobilité, alors que certains restent parfois sans affectation précise.

« Un constat d’échec »

Cependant, la suppression de l’ENA, remplacée début 2022 par l’Institut national du service public, et la création d’un nouveau « corps des administrateurs de l’Etat », où seront regroupés l’ensemble des corps aujourd’hui pourvus par l’école de Strasbourg, ont conditionné les arbitrages concernant les diplomates : ces derniers ont désormais vocation à rejoindre ce nouveau vivier interministériel de fonctionnaires, à l’instar des préfets, des sous-préfets et des inspecteurs généraux des finances.

Au-delà d’un simple réflexe corporatiste, cette évolution inquiète tout particulièrement les représentants du personnel. « En diluant le haut de la pyramide du Quai d’Orsay dans un vaste ensemble, réputé interchangeable, des administrateurs de l’Etat, la réforme de l’encadrement supérieur signe la disparition programmée du ministère des affaires étrangères », dénonce même la CFDT-MAE, majoritaire au sein du personnel diplomatique. Vendredi 22 octobre, plusieurs syndicats ont boycotté la réunion d’information, convoquée à la dernière minute par la toute nouvelle directrice des ressources humaines du ministère, Agnès Romatet-Espagne.

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