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Dans les institutions européennes, le Brexit n’a pas eu lieu

Que ce soit au Parlement européen, à la Commission ou à la table du Conseil, tout se passe comme si le Brexit n’avait pas eu lieu. FRANCISCO SECO / AP

LETTRE DE BRUXELLES

Le Royaume-Uni a officiellement quitté l’Union européenne (UE) le 31 janvier 2020 à minuit. Depuis, l’Union Jack a disparu des frontons des bâtiments communautaires, les eurodéputés britanniques ont quitté les bancs du Parlement européen, la Commission fonctionne avec vingt-sept commissaires et, à la table du Conseil, le 10 Downing Street n’est plus représenté. Pourtant, au sein de ces trois institutions, tout se passe comme si le Brexit n’avait pas eu lieu.

Les sujets de Sa Majesté y restent nombreux. On en compte 267 (3 % des effectifs) au sein de l’Assemblée législative et 79 (2,6 %) au sein du Conseil (Etats membres). A la Commission, d’où émanent les propositions législatives et qui négocie au nom des Vingt-Sept les accords commerciaux avec des pays tiers, ils sont encore 730 (2,4 %). Le Royaume-Uni reste ainsi le douzième pays le mieux représenté au sein de l’exécutif communautaire, devant seize Etats membres.

Il faut revenir aux débuts du Brexit pour comprendre comment on a pu en arriver à cette situation paradoxale. Lorsque, le 24 juin 2016, les Européens apprennent que les Britanniques, consultés par référendum la veille, ont décidé de les quitter, les institutions s’empressent de rassurer tous ces fonctionnaires et contractuels qui ont traversé la Manche pour servir la cause communautaire (2 000 sur un total de 56 000 à l’époque). « Vous travaillez pour l’Europe. Vous avez laissé vos “chapeaux” nationaux à la porte lorsque vous avez rejoint cette institution, et cette porte ne se referme pas sur vous maintenant », leur dit, le jour même, Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission.

Les choses ne sont pas si évidentes. Le règlement européen veut qu’un fonctionnaire « est recruté à condition qu’il soit ressortissant d’un des Etats membres de l’UE » mais il n’envisage pas le cas de la sortie d’un Etat membre. « Si les institutions s’étaient séparées des Britanniques, cela aurait occasionné des bagarres juridiques de très mauvais goût. On n’avait vraiment pas besoin de ça en 2016 », juge un ancien haut fonctionnaire britannique.

Jean-Claude Juncker a fait le choix de la paix sociale, d’autant que « les Britanniques noyautaient les ressources humaines et s’étaient mis les syndicats dans la poche », ajoute un diplomate. En interne, personne ne s’en est offusqué : entre eurocrates, on sait être solidaires. « Les fonctionnaires britanniques ? Ils ne sont pas britanniques. Ils étaient tous contre le Brexit », argue l’ancien commissaire européen Pascal Lamy.

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