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Au Burkina, le procès de l’assassinat de Sankara reprend après deux semaines de suspension

Avant l’ouverture du procès, à Ouagadougou, le 11 octobre 2021. OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Le procès des assassins présumés du président « révolutionnaire » du Burkina Faso, Thomas Sankara, tué le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’Etat, a repris à Ouagadougou, lundi 25 octobre, après deux semaines de suspension, a constaté un journaliste de l’AFP. Ouvert le 11 octobre devant un tribunal militaire trente-quatre ans après les faits, il avait été suspendu à la demande d’avocats de la défense commis d’office qui souhaitaient plus de temps pour pouvoir étudier « les 20 000 pièces du dossier ».

La première journée de reprise, essentiellement consacrée à des questions de procédure, a également permis d’établir la liste de la soixantaine de témoins que le tribunal veut entendre – par visioconférence pour ceux qui vivent à l’étranger. Parmi ces témoins figurent l’ancien ministre français des affaires étrangères Roland Dumas, ainsi que Jack Lang, ancien ministre de la culture. Le tribunal aimerait également entendre Jean-Christophe Mitterrand, fils du président François Mitterrand, qui était conseiller pour les affaires africaines de son père au moment des faits.

« Il y a des anciens ministres de la France, d’anciens diplomates, a indiqué Mamadou Coulibaly, un avocat de la défense. On a mis leur nom, mais leur adresse est toujours en cours de recherche. C’est dire que probablement certains ne savent pas qu’ils doivent témoigner. »

A l’ouverture du procès, le réseau international « Justice pour Thomas Sankara, justice pour l’Afrique » avait souligné le risque qu’il n’aborde pas le rôle joué par la France, les Etats-Unis et des pays ouest-africains comme la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny et le Togo de Gnassingbé Eyadema, alors ulcérés par les prises de position anti-impérialistes de ce jeune révolutionnaire adulé par la jeunesse africaine.

La veuve de Thomas Sankara, Mariam, venue de France (où elle réside habituellement) pour assister au procès, a signé une pétition demandant qu’il soit filmé « pour l’histoire ». Cette demande a été rejetée le jour de l’ouverture du procès par le tribunal militaire.

Pour les avocats de Compaoré, « un simulacre de procès »

Douze des quatorze accusés étaient présents lundi à la reprise du procès, dont le général Gilbert Diendéré, 61 ans, un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987. Le principal accusé, l’ancien président Blaise Compaoré, porté au pouvoir par ce putsch, était absent à la reprise du procès, tout comme il l’était à son ouverture. Ses avocats ont dénoncé « un simulacre de procès » devant « un tribunal d’exception ».

Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en 2014 par la rue et qui vit depuis en Côte d’Ivoire, pays dont il a obtenu la nationalité, est accusé de « complicité d’assassinats », « recel de cadavres » et « attentat à la sûreté de l’Etat ». Les mêmes accusations pèsent sur le général Diendéré, qui purge déjà au Burkina une peine de vingt ans de prison pour une tentative de coup d’Etat en 2015.

Parmi les accusés figurent également des soldats de la garde présidentielle de M. Compaoré. L’un d’eux, l’ancien adjudant-chef Hyacinthe Kafando, soupçonné d’être le chef du commando qui avait assassiné Thomas Sankara, est en fuite.

Le procès, qui doit durer de deux à quatre mois, se poursuit mardi avec l’interrogatoire de l’un des accusés, Ilboudo Yamba Elisée, soldat présenté comme l’un de ceux ayant tiré sur Thomas Sankara et ses douze compagnons également assassinés.

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Le Monde avec AFP

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