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En Ouganda, le groupe Etat islamique revendique l’attaque à la bombe dans un café de Kampala

La scène de l’attentat du samedi 23 octobre à Kampala sécurisée par la police ougandaise. BADRU KATUMBA / AFP

Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué avoir mené une attaque à la bombe dans la capitale ougandaise Kampala, qui a fait au moins un mort et plusieurs blessés dans la soirée du samedi 23 octobre, selon un communiqué publié dimanche via un compte affilié sur la messagerie Telegram. L’action a été menée dans un restaurant populaire du quartier de Komamboga où se trouvaient des « membres et espions du gouvernement ougandais croisé », précise le texte.

Selon le porte-parole de la police ougandaise Fred Enanga, les auteurs présumés de l’attaque sont arrivés vers 20 h 30 (17 h 30 GMT), portant un sac en plastique qu’ils ont placé sous une table. « Les suspects ont déclenché l’explosion de l’engin peu après avoir quitté l’endroit », une trentaine de minutes après leur arrivée, a-t-il expliqué, décrivant un engin explosif « sommaire » contenant des clous et des morceaux de métal.

L’explosion a coûté la vie à Emily Nyinaneza, une serveuse de 20 ans. Trois blessés ont été hospitalisés, dont deux dans un état critique. Un couvre-feu national visant à lutter contre la pandémie de Covid-19 est toujours en vigueur à partir de 19 heures en Ouganda, mais il n’est pas uniformément respecté.

Quelques heures avant que l’attentat ne soit revendiqué, le président Yoweri Museveni avait indiqué sur son compte Twitter : « Il semble s’agir d’un acte terroriste. (…) La population n’a aucune crainte à avoir, nous viendrons à bout de cette criminalité comme nous sommes venus à bout des autres, commises par des porcs qui ne respectent pas la vie humaine. »

Plusieurs attaques en quelques mois

Le pays a déjà état la cible du groupe djihadiste à plusieurs reprises. Le 8 octobre, l’organisation Etat islamique (EI) avait revendiqué un attentat à la bombe contre un poste de police à Kawempe, près de l’endroit où s’est produite l’explosion de samedi.

En août, l’Ouganda a affirmé avoir déjoué un attentat-suicide visant les funérailles nationales d’un haut gradé de l’armée, Paul Lokech, qui avait notamment mené la lutte en Somalie contre les rebelles islamistes Chabab, liés à Al-QaIda, en tant que commandant de l’opération de l’Union africaine dans ce pays, l’Amisom.

Il avait également participé en République démocratique du Congo (RDC) à une opération de l’armée ougandaise contre les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle musulman apparu en Ouganda mais qui a fait souche depuis près de trente ans en RDC, où il est accusé d’avoir tué des milliers de civils. Le président Museveni avait imputé la tentative d’attentat aux funérailles du général Lokech aux « terroristes ADF ».

L’EI présente les ADF comme sa branche en Afrique centrale. En mars, les Etats-Unis ont placé ce groupe sur la liste des « organisations terroristes » affiliées à l’EI.

Un contexte très tendu

En juillet, la police ougandaise avait annoncé avoir arrêté quatre suspects et tué un cinquième dans l’enquête sur une tentative d’assassinat contre le ministre des transports et ancien chef de l’armée, le général Edward Katumba Wamala, imputée à une « cellule terroriste ». Les suspects s’étaient entraînés avec les ADF en RDC et avaient « commencé à réactiver des cellules terroristes locales » en Ouganda, avait affirmé la police.

Le général Katumba Wamala avait été blessé par balles le 1er juin au nord de Kampala par des motards masqués qui avaient attaqué son véhicule, tuant sa fille et l’un de ses gardes du corps.

En 2010, deux attentats à la bombe à Kampala visant des supporteurs assistant à la finale de la Coupe du monde de football avaient fait 76 morts. Ils avaient été revendiqués par les Chabab somaliens et vus comme des représailles à la participation de l’Ouganda à l’Amisom.

Cette nouvelle attaque intervient dans un contexte très tendu. Dix mois après la réélection contestée de Yoweri Museveni pour un sixième mandat, la répression contre l’opposition continue. Vendredi, six membres de l’Afiego (Africa Institute for Energy Governance), l’une des principales ONG locales engagées contre le mégaprojet d’exploitation pétrolière de Total Energies dans la région du lac Albert, avaient été arrêtés vendredi 22 octobre et placés en détention dans un commissariat de Kampala. L’Afiego fait partie des cinquante-quatre ONG fermées par les autorités ougandaises en août pour de présumées infractions à la législation.

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Le Monde avec AFP et Reuters

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