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Flambée de violences communautaires au Bangladesh

Des policiers dispersent des fidèles musulmans lors d’une manifestation devant la principale mosquée du pays, à Dhaka, le 15 octobre 2021. MAHMUD HOSSAIN OPU / AP

L’intolérance religieuse gagne inexorablement du terrain en Inde, au Bangladesh et au Pakistan, les trois pays qui formaient, avant la partition de 1947, un seul et même pays. Hindous et musulmans se déchirent de part et d’autre des frontières. Il a suffi d’une vidéo d’un prétendu blasphème postée, mercredi 13 octobre, sur les réseaux sociaux pour que s’enflamme le Bangladesh, qui compte 90 % de musulmans et un peu moins de 9 % d’hindous (soit environ 16 millions de personnes).

La vidéo montrait un exemplaire du Coran posé aux pieds de la statue d’un dieu hindou, lors des célébrations de Durga Puja, une des grandes fêtes hindoues. La scène a eu lieu à Comilla, dans l’est du Bangladesh. Dans les heures qui ont suivi, des centaines de maisons appartenant à des familles hindoues et des lieux de culte ont été incendiés, vandalisés à travers tout le pays. Une dizaine de personnes sont mortes et des centaines ont été blessées. Les violences ont duré près d’une semaine et la situation reste extrêmement tendue, au point que les Nations unies ont demandé à Dacca d’agir au plus vite pour « assurer la protection des minorités et mener une enquête impartiale ». Le gouvernement a déployé en nombre des forces paramilitaires et la police a arrêté, le 22 octobre, l’homme qui aurait placé volontairement le Coran dans le temple hindou.

Bien que les tensions religieuses soient fréquentes au Bangladesh, les représentants de la communauté hindoue affirment qu’il s’agit des pires violences commises à grande échelle. « La violence communautaire est bien vivante au Bangladesh », lit-on ainsi dans un éditorial du quotidien Dhaka Tribune demandant au gouvernement « d’adopter une position ferme à l’encontre de ceux qui encouragent la discorde entre les communautés, de les traduire en justice, mais aussi de sensibiliser la population par le biais de programmes spécifiques » visant à éviter la manipulation des esprits.

Qualifiés de « termites »

Saad Hammadi, chargé de campagne pour l’Asie du Sud de l’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty international, dénonce, lui aussi, « l’hostilité croissante envers les minorités au Bangladesh » et pointe la responsabilité de l’Etat, qui « depuis plusieurs années manque à son devoir de les protéger ». Les attaques restent, en effet, souvent impunies. La première ministre, Sheikh Hasina, réélue en 2018, est accusée d’avoir, par calcul électoral, laissé prospérer les islamistes.

Le Bangladesh est officiellement un Etat laïque, contrairement au Pakistan, auquel il était rattaché jusqu’en 1971. Mais, en juin 1988, les militaires, alors au pouvoir, ont introduit un amendement dans la Constitution imposant l’islam comme religion d’Etat. Aujourd’hui, les minorités hindoue, bouddhiste et chrétienne demandent, en vain, au gouvernement de retirer ce texte, qui, selon elles, a attisé les tensions communautaires en affirmant la suprématie de l’islam.

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