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A Budapest, Viktor Orban lance sa campagne en ciblant « Bruxelles »

Viktor Orban à l’occasion de la commémoration du 65e anniversaire du soulèvement hongrois contre l’occupation soviétique, à Budapest, le 23 octobre 2021. ATTILA KISBENEDEK / AFP

« Bruxelles = dictature. » C’est derrière cette pancarte écrite en anglais que des dizaines de milliers de supporteurs de Viktor Orban ont défilé, samedi 23 octobre, en plein cœur de Budapest. Officiellement destiné à commémorer l’insurrection antisoviétique de 1956, ce gigantesque rassemblement a surtout servi à lancer la campagne du premier ministre nationaliste hongrois en vue des législatives d’avril 2022. A 58 ans, le chef de gouvernement magyar espère bien décrocher un quatrième mandat d’affilée à la tête de ce pays d’Europe centrale comptant 9,8 millions d’habitants

Mais celles-ci s’annoncent serrées comme jamais face à une opposition unie pour la première fois depuis 2010, que M. Orban a explicitement accusée d’être manipulée de l’extérieur. « Nous allons gagner » face « à Bruxelles, Washington et aux médias dirigés de l’étranger », a ainsi lancé M. Orban devant une foule compacte, amenée de tout le pays par bus entiers, ainsi que des militants nationalistes italiens et polonais. Très vocaux, ces derniers ont détonné dans un public hongrois sinon plutôt âgé et obéissant, et qui a défilé dans un quasi-silence en brandissant une marée de drapeaux hongrois et de pancartes s’en prenant à l’Union européenne (UE) et à la gauche.

« Nous ne voulons aucun changement car Orban sauvegarde la nation et protège les familles », résume ainsi Tibor Tar, retraité de 72 ans, qui porte une pancarte distribuée par les organisateurs – une ONG proche du pouvoir. « Nous ne voulons pas que Bruxelles nous dicte ce qu’il faut faire », renchérit à ses côtés son camarade, Istvan, répétant fidèlement la ligne du Fidesz, le parti de M. Orban. Enveloppée dans un drapeau hongrois, Margit Talis, 74 ans, déclare, elle, son admiration pour « les valeurs anti-LGBT » de M. Orban, mais elle admet toutefois « avoir aussi un peu peur » que l’opposition puisse gagner.

Bruxelles et la « doctrine Brejnev »

Pour la première fois en douze ans, six partis allant de la gauche à une formation issue de l’extrême droite ont en effet formé une alliance en vue de ces législatives où le mode de scrutin favorise le parti arrivé en tête. A la suite d’une primaire réunissant plus de 600 000 électeurs, un outsider, le maire de province Peter Marki-Zay, 49 ans, a été élu dimanche 17 octobre comme son candidat unique. Issu d’aucun parti, ce dernier se définit comme « conservateur et chrétien », tout en étant fermement « proeuropéen », à la grande différence de M. Orban.

Samedi, le premier ministre nationaliste n’a pas prononcé une seule fois le nom de son nouvel opposant lors de son discours, mais il l’a explicitement accusé d’être manipulé par la gauche et de se « battre pour être le meilleur représentant de Bruxelles et de Soros », ce milliardaire américain d’origine hongroise devenu la bête noire du pouvoir. Or « Bruxelles se comporte avec nous et les Polonais comme des ennemis », a fustigé M. Orban, en référence à la bataille juridique menée par les institutions européennes autour des multiples atteintes à l’Etat de droit observées dans les deux pays. Une politique qu’il a même comparée à la « doctrine Brejnev », du nom de la politique soviétique d’intervention dans les anciennes Républiques socialistes.

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