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Le pessimisme monte au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien

Rafael grossi, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique lors d’un entretien avec le secrétaire d’Etat Antony Blinken, le 18 octobre 2001 à Washington. MANDEL NGAN / AP

Diplomate chevronné, Rafael Grossi a de quoi se poser des questions. Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’arrive plus à joindre par téléphone le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian. Il n’avait pas ce genre de contrariété avant l’élection présidentielle de juin, qui a vu la victoire de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi. Alors que le dossier nucléaire mobilise les chancelleries, qui s’escriment à sauver l’accord de 2015 (JCPoA), Rafael Grossi doit se rendre en Iran dans les prochains jours. Il veut éviter une rupture irrémédiable dans le travail des inspecteurs, sur les sites répertoriés. « On aurait pu se voir avant, mais on ne peut s’auto-inviter », résume-t-il non sans humour.

Dans un entretien au Monde accordé le 21 octobre lors de sa visite à Washington, où il a notamment rencontré le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, le directeur de l’AIEA a confirmé que « les choses ont traîné » depuis son voyage précédent à Téhéran, en septembre. Il s’agissait alors d’arracher, en catastrophe, un accord avec les autorités pour assurer la continuité du travail de surveillance et d’inspection. Ces discussions purement techniques portaient notamment sur le remplacement des cartes mémoire dans les caméras de vidéosurveillance, installées par l’AIEA.

Mais depuis, la mise en œuvre est défectueuse. L’Iran n’a pas accordé l’accès au site de Karaj, à l’ouest de la capitale, où sont fabriqués des composants de centrifugeuses. Les caméras de l’Agence n’y fonctionnent plus. « On a demandé à plusieurs reprises d’y revenir, explique Rafael Grossi. On n’a pas réussi à le faire. Ça fera partie des sujets de discussion, et c’est essentiel. » En juin, cette installation avait été atteinte par une explosion, à l’origine non éclaircie.

Test majeur des intentions du régime

Le directeur de l’Agence veut aussi discuter des trois sites nucléaires déjà anciens où des traces d’uranium anthropogénique ont été relevées. Pour l’heure, il refuse d’envisager un point de rupture. « Les Iraniens ont vu qu’il valait mieux compter sur une coopération que sur une confrontation ouverte avec l’Agence. C’est un bras de fer. Parfois on applique la pression, parfois ils relâchent, ils font ça très bien. J’ai mes lignes rouges. » Lorsqu’on l’interroge sur les risques d’un scénario nord-coréen, avec une expulsion des inspecteurs de l’AIEA et un programme nucléaire débridé, Rafael Grossi n’élude pas. « Il faut éviter cela. Les situations géostratégiques, les pays sont différents. Mais cette analogie peut s’appliquer sur un point. La Corée du Nord est un cas de crise de non-prolifération où nous avons échoué. On n’a pas pu éviter une dégradation. A présent, c’est un pays doté [de l’arme nucléaire]. L’Iran, non. »

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