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La Géorgie suspendue au sort de Mikheïl Saakachvili

Devant la prison numéro 12 où Mikheil Saakachvili, l’ancien président géorgien est emprisonné depuis son retour en Géorgie. Un supporter de M. Saakachvili brandit une pancarte devant les caméras des télévisions géorgiennes : « Liberté ! pour Saakachvili le bâtisseur de la patrie ». Roustavi, Géorgie, 19 octobre 2021. JULIEN PEBREL / MYOP POUR « LE MONDE »

Les trois poufs jaune, rose et rouge trônent devant l’entrée de la prison. Vu le temps que Badri Nemsadzé passe ici, il lui faut bien un peu de confort. Depuis qu’il a appris que l’ancien président géorgien et chef de l’opposition Mikheïl Saakachvili avait été incarcéré à son retour dans le pays après huit ans d’exil, le 1er octobre, cet homme de 54 ans reste jour et nuit devant les grilles en signe de soutien. Son héros est tout près, dans l’un des bâtiments derrière des barbelés. « C’est un moment historique pour la Géorgie, assure-t-il. Micha (le surnom de Saakachvili) représente les valeurs occidentales, la démocratie et la liberté d’expression. S’il n’est pas libéré, ce pays n’a pas d’avenir. »

Des manifestants se réunissent ici chaque soir pour réclamer la libération de l’ancien dirigeant, condamné par contumace à six ans de prison en 2018 pour « abus de pouvoir ». L’intéressé, qui se considère comme un « prisonnier politique », s’est mis en grève de la faim dès son arrestation. Depuis, la Géorgie vit au rythme des informations sur son état de santé et des polémiques sur ce qu’il aurait ingurgité. Il a mis du miel dans son thé ? Le gouvernement déclare aussitôt qu’il a mangé « un demi-kilo de miel », incitant le prisonnier, qui dément, à durcir encore sa grève de la faim.

L’opposant, 53 ans, a déjà perdu 15 kg à 17 kg en vingt et un jours, selon ses déclarations au Monde. Impossible toutefois de savoir exactement, assure son docteur personnel, Nikoloz Kipchidze, revenu des Etats-Unis pour assurer son suivi. « La balance donne un poids très différent d’un jour à l’autre », explique-t-il. Cette bizarrerie l’interroge, tout comme les deux tests pour le diabète auxquels son patient a été soumis. « C’est très étrange : pourquoi deux tests ? Et pourquoi sans que j’en aie été informé ? » Méfiant, il redoute que l’on cherche à discréditer l’opposant. Même suspicion envers la psychiatre qui le suit : « J’ai grandi en URSS, je sais comment les psychiatres traitaient les dissidents. J’ai peur qu’ils fassent pareil », dit-il, estimant être « le seul à essayer d’être objectif » dans ce pays où « tout est politisé ».

Extrême polarisation de la société

Mikheïl Saakachvili, à la tête du principal parti d’opposition, le Mouvement national uni, a commencé sa troisième semaine de la faim. Un seuil critique. « Son état peut se dégrader brutalement à chaque seconde, s’inquiète le médecin. Il est très pâle et fait beaucoup d’efforts pour se montrer fort. Mais le soir, c’est autre chose. » L’ancien leader de la « révolution des roses » (2003) pourrait être hospitalisé d’un jour à l’autre.

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