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Depuis sa cellule, l’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili l’assure : « Je suis prêt à aller jusqu’au bout »

Affiches de soutien à l’ancien président emprisonné Mikheïl Saakachvili, le 19 octobre 2021. JULIEN PEBREL / MYOP POUR « LE MONDE »

L’ancien président de la Géorgie (2004-2013) et chef du principal parti d’opposition, Mikheïl Saakachvili, leader de la « révolution des roses », est en grève de la faim depuis son incarcération le 1er octobre. Le Monde a pu lui faire passer des questions en prison. Voici ses réponses, écrites à la main.

Vous entamez votre troisième semaine de grève de la faim, un seuil à risque. Comment vous sentez-vous ?

J’ai perdu 15 kg à 17 kg. Je ne prends que du thé et de l’eau. Je me fatigue facilement, bien sûr. Les médecins sont en train de décider s’il faut m’hospitaliser.

Pourquoi êtes-vous revenu en Géorgie après huit ans d’exil, à la veille des élections municipales ?

Beaucoup de mes compatriotes, qui me considèrent comme un réformateur et l’ennemi principal de Vladimir Poutine, m’ont réclamé. Ils pensent que le pays est mené à sa destruction et que son orientation géopolitique [pro-occidentale] change. L’objectif de la Russie est en effet de tuer les réformes que j’ai faites, vues comme dangereuses. Elle est en train de réussir car, avec ce parti oligarchique [Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012], la corruption et le crime organisé sont de retour.

Vous êtes revenu clandestinement dans le pays. De quelle manière ?

Je ne confirme pas la version du procureur [selon laquelle il était caché dans un camion cargo], mais j’ai tout fait pour éviter la violence. Je suis arrivé quelques jours avant mon arrestation. Je savais que le gouvernement n’aurait pas donné l’autorisation à mon avion d’atterrir, car Irakli Garibachvili [le premier ministre] avait passé un accord avec les pays voisins pour m’intercepter.

Vous vous considérez comme un prisonnier politique ?

Aucun pays dans le monde, hormis la Russie, ne reconnaît le crime pour lequel je suis condamné [« abus de pouvoir »]. Nous avons saisi la Cour européenne des droits de l’homme, je suis sûr qu’elle tranchera en ma faveur.

De plus, le premier ministre a déclaré que si je ne me comportais pas bien en prison, il me rajouterait des accusations. Le gouvernement ne me donne pas non plus le droit de passer des appels téléphoniques. Même Vladimir Poutine se comporte plus humainement avec Alexeï Navalny.

Comment occupez-vous vos journées ?

Je suis activement impliqué dans la campagne du second tour des élections municipales [le 30 octobre]. Je donne des conseils sur la façon de lutter contre les fraudes et l’achat de voix par le gouvernement, un phénomène généralisé. La manifestation du 14 octobre [qui a réuni des dizaines de milliers de ses partisans à Tbilissi] était l’une des plus grandes de l’histoire du pays. Il y aura encore plus de monde si de nouvelles fraudes sont commises.

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