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Orsted, récit d’une transition écologique à marche forcée d’un énergéticien danois

QUENTIN FAUCOMPRÉ

Comme toute bonne histoire, celle-ci commence par un échec retentissant. En 2002, la compagnie d’énergie danoise Elsam inaugure Horns Rev1, le premier parc éolien offshore commercial du monde, en mer du Nord : 80 turbines d’une puissance totale de 160 mégawatts (MW) sont installées à 14 km des côtes du pays. Mais, conçues pour être implantées sur terre, elles se révèlent vite inadaptées aux conditions extrêmes de l’offshore. Les avaries s’enchaînent. Finalement, en 2004, les pales et les nacelles sont démontées, pour être réparées au sec. Torben Kenneth Hansen, ingénieur électrique, se rappelle : « Nos collègues des centrales à charbon demandaient, en rigolant, à quoi servaient ces longues cheminées en mer, sans fumée, qui ne produisait pas d’électricité. »

Aujourd’hui, ce qui n’est plus qu’une anecdote dans la brève histoire de l’offshore éolien en dit beaucoup sur le chemin parcouru. L’épisode refroidira longtemps le secteur. En 2006, quand Elsam fusionne avec cinq autres compagnies énergétiques danoises, pour former DONG (Danish Oil and Natural Gas) Energy, ce sont les énergies fossiles qui constituent le plus gros du portefeuille d’activités de la nouvelle compagnie : l’exploration et l’extraction de gaz et de pétrole en mer du Nord, ainsi que l’exploitation d’énormes centrales à charbon, responsables d’un tiers des émissions de CO2 au Danemark.

Il faudra moins de quinze ans à DONG Energy pour réussir une des métamorphoses les plus impressionnantes du secteur et devenir le numéro un mondial de l’éolien offshore, avec un tiers des parts de marché. Rebaptisé « Orsted » en 2019 – du nom du physicien danois Hans Christian Orsted (1777-1851), à l’origine de la découverte de l’interaction entre électricité et magnétisme –, le groupe danois tire aujourd’hui plus de 98 % de ses revenus de la production d’énergie renouvelable. Entre 2007 et 2020, il a baissé de 86 % ses émissions de CO2, tout en doublant presque son résultat d’exploitation (18,1 milliards de couronnes en 2020, soit 2,4 milliards d’euros).

Le rapport Stern de 2006

Mais revenons en 2006, année de naissance de DONG Energy, une compagnie contrôlée à 76,5 % par l’Etat, qui réalise près de 9 % de son chiffre d’affaires sur le marché danois. « Nous étions convaincus que nous devions croître dans chacun de nos secteurs d’activité », se rappelle Jakob Boss, alors assistant exécutif du PDG, Anders Eldrup. Sauf que le vent commence à tourner : « Le débat sur le changement climatique est arrivé », explique M. Boss, aujourd’hui vice-président chargé de la stratégie chez Orsted.

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