France World

Crise franco-algérienne : la fin d’un cycle

Emmanuel Macron à la rencontre des habitants d’Alger, en décembre 2017. ANIS BELGHOUL / AP

La crise entre Paris et Alger dure désormais depuis trois semaines, et chaque jour qui passe est l’occasion de voir surgir de nouvelles sources de contentieux entre les deux pays.

Si l’affrontement entre la France et l’Algérie s’est officiellement ouvert sur des questions d’immigration – particulièrement sur le point sensible de l’octroi des visas après que Paris a annoncé, le 28 septembre, vouloir les réduire de 50 % en raison du faible taux de réadmissions des ressortissants Algériens en situation irrégulière –, les motifs de la crise apparaissent bien plus larges et profonds.

Selon nos informations, le dossier le plus sensible aujourd’hui pour la France concerne le rôle de l’Algérie au Mali. Le 3 octobre déjà, alors que la crise était aggravée par les propos d’Emmanuel Macron rapportés par Le Monde qualifiant le régime algérien de « système politico-militaire (…) construit sur la rente mémorielle », Alger avait interdit le survol de son territoire aux avions militaires français en route vers le Sahel.

Or quinze jours plus tard, non seulement cette situation n’est pas réglée, mais le dossier malien apparaît comme un élément clé ayant exacerbé la crise en raison d’une tentation tangible, côté algérien, de soutenir un scénario noir pour Paris : un renforcement du rôle de la Russie au Mali.

Dégradation de la situation sécuritaire au Mali

Les sources algériennes interrogées ne parlent jamais directement d’un éventuel soutien au contrat auquel disent réfléchir, de leur côté, les autorités maliennes avec la controversée entreprise russe de mercenaires Wagner. Le rôle de cette même société dans la Libye voisine ne coïncide pas, en effet, entièrement avec leurs intérêts : Wagner y travaille pour le camp du maréchal Haftar, que ne soutient pas Alger.

Mais face à la dégradation de la situation sécuritaire au Mali, ces interlocuteurs affirment qu’un renforcement de la présence de la Russie dans ce pays ne serait pas un repoussoir. Un scénario confirmé par une source française de haut niveau.

L’Algérie a toujours considéré le Mali, notamment le nord du pays – qui fut la première région à passer sous la coupe djihadiste en 2013 – comme son arrière-cour. Alger a été le principal médiateur des accords signés en 2015 entre Bamako et des groupes armés.

Or le Mali est aujourd’hui gangrené par les cellules djihadistes jusque dans les faubourgs de sa capitale et l’opération « Barkhane » est repliée depuis longtemps dans une toute petite partie du territoire, au centre-est du pays, autour de Gao. L’abandon des bases du nord du Mali est avant tout administratif et logistique, la force « Barkhane » se concentrant depuis un certain temps sur la sauvegarde de pays situés plus au Sud, comme le Niger, le Burkina Faso, et d’autres Etats riverains du golfe de Guinée ; là où se trouve en réalité l’essentiel des intérêts économiques français.

Il vous reste 84.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Crise franco-algérienne : la fin d’un cycle est apparu en premier sur zimo news.