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En Algérie, la stratégie d’étouffement du Hirak se durcit

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Des manifestants antigouvernementaux portent une affiche figurant des militants emprisonnés, à Alger, le 7 mai 2021. RYAD KRAMDI / AFP

L’émotion de retrouver ses proches et les embrassades qui durent, après des mois de séparation : le journaliste Rabah Karèche, correspondant du journal Liberté à Tamanrasset, dans le grand sud algérien, a quitté la prison, mardi 19 octobre, après avoir purgé une peine de six mois. Son crime : avoir publié un article sur une manifestation dont les participants contestaient un redécoupage territorial.

Rabah Karèche avait été condamné en appel à une année de prison, dont six mois ferme, pour « création d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société », « diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public » et « usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l’unité nationale ». Des accusations « fallacieuses qui cachent mal une volonté de faire taire le journaliste et de l’empêcher d’accomplir en toute objectivité son travail », avait souligné le journal Liberté, tandis que ses avocats, rappelant que selon la Constitution « le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté », dénonçaient un procès inique.

Le cas de Rabah Karèche n’est pas isolé. Alors que les manifestations du Hirak – déclenchées en février 2019 contre le régime d’Abdelaziz Bouteflika – ont cessé même en Kabylie, région traditionnellement frondeuse, les condamnations continuent de pleuvoir contre les militants. Après les mesures d’élargissement de détenus du Hirak, via une grâce ou une mise en liberté provisoire, décidées par le président Abdelmadjid Tebboune en février puis en juillet, les emprisonnements ont repris de plus belle. Le site Algerian Detainees, qui fournit des informations sur les détenus d’opinions du Hirak, recensait 66 prisonniers en avril ; ils sont aujourd’hui 223.

Surveillance des réseaux sociaux

L’objectif du régime est d’étouffer toute velléité d’un retour du Hirak dans les rues, mais aussi sur les réseaux sociaux. Les publications contestataires, critiques ou railleuses sur Facebook peuvent entraîner des poursuites et des emprisonnements. Ainsi le 17 octobre à Adrar, dans le sud du pays, Mohad Gasmi, 45 ans, militant du Mouvement des chômeurs, membre de la contestation populaire contre le projet de forage de gaz de schiste en 2015 et membre actif au sein du Hirak, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme » sur la base de publications sur Facebook.

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