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Les ambiguïtés de la droite italienne face aux néofascistes

Giorgia Meloni, la chef de file de Fratelli d’Italia, Enrico Michetti, le candidat civique soutenu par l’ensemble des forces de droite, et Matteo Salvini, le chef de la Ligue, à Rome, le 13 octobre 2021. FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Dans toutes les démocraties du monde, les campagnes municipales sont un moment à part de la vie civique. On parle d’environnement, d’urbanisme, de grands investissements, de tout ce qui fait l’attachement des citoyens à leur cadre de vie. Sur ce plan comme sur tant d’autres, à Rome, rien n’est tout à fait comme ailleurs. Mercredi soir, à quatre jours du second tour du vote qui devra les départager, les 17 et 18 octobre, les deux candidats à la mairie encore en lice, l’ancien ministre de l’économie Roberto Gualtieri (Parti démocrate, gauche), dans la position du favori, et Enrico Michetti (un candidat civique soutenu par l’ensemble des forces de droite), ont bien évoqué ces sujets, dans un débat télévisé diffusé en direct sur RAI1. Mais les esprits étaient ailleurs.

En effet, ces derniers jours un sujet s’est imposé dans le débat au point d’éclipser tous les autres : l’impunité dont jouissent depuis des années plusieurs groupuscules néofascistes très bien implantés à Rome, et plus généralement les ambiguïtés de la droite modérée et souverainiste face à la mémoire du fascisme.

Figure connue du néofascisme romain

La polémique est partie des débordements qui ont suivi la manifestation contre la généralisation du passe sanitaire, organisée samedi 10 octobre. Quelques jours avant l’extension de l’obligation du passe sanitaire dans l’ensemble des lieux de travail, entrée en vigueur le 15 octobre, la colère des opposants est au plus fort, et la manifestation rassemble plusieurs milliers de personnes. Après de premiers affrontements avec les forces de l’ordre, quelques centaines de manifestants, qui avaient fait mine de se diriger vers le palais Chigi, siège du gouvernement, se rendent vers le siège de la CGIL (le plus grand syndicat italien), entrent dans le bâtiment et y saccagent plusieurs bureaux.

A la tête du cortège, une figure bien connue du monde néofasciste romain : Roberto Fiore, 62 ans, ancien cofondateur, en 1979, de l’organisation Terza Posizione, longtemps établi à Londres après avoir dû prendre la fuite pour échapper à la justice italienne, à la suite de la découverte d’explosifs au siège de son parti, et désormais secrétaire national du parti Forza Nuova (FN).

Brièvement député européen (2008-2009) et fort d’une fortune de plusieurs millions d’euros, il jouit d’une aura considérable dans les milieux néofascistes romains, malgré les soupçons planant sur son implication dans l’attentat de la gare de Bologne (2 août 1980, 85 morts) et la rumeur persistante de liens passés avec les services secrets britanniques.

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