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Le chef de la junte birmane exclu du prochain sommet de l’Asean

Le chef du régime militaire birman, le général Min Aung Hlaing, le 23 juin 2021 à Moscou. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AFP

Le chef de la junte birmane, Min Aung Hlaing, sera exclu du prochain sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), qui se tiendra du 26 au 28 octobre, a annoncé l’organisation samedi 16 octobre. La décision est une mesure de représailles contre le pouvoir militaire birman, qui semble peu enclin à désamorcer la crise politique et diplomatique.

L’Asean, qui regroupe dix pays d’Asie du Sud-Est, a pris cette mesure exceptionnelle après que la junte a rejeté les demandes d’envoi d’un représentant spécial pour dialoguer avec toutes les parties et notamment l’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi, renversée par l’armée en février. Le communiqué de l’organisation fait état de « progrès insuffisants » dans la mise en place d’un plan en cinq points, adopté en avril, qui devait contribuer à rétablir le dialogue en Birmanie et faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire.

La junte a freiné sa mise en œuvre, retardant la visite d’Erywan Yusof, vice-ministre des affaires étrangères de Brunei (qui assure actuellement la présidence tournante de l’Asean), désigné émissaire de l’organisation pour la Birmanie après des mois de négociations.

Certains Etats membres recommandent cependant de laisser « une marge de manœuvre à la Birmanie pour qu’elle rétablisse sa situation intérieure ». Il a été décidé d’« inviter un représentant apolitique birman » au sommet, « tout en prenant note des réserves émises par le représentant de la Birmanie », poursuit le communiqué.

La junte birmane « extrêmement déçue »

« La Birmanie est extrêmement déçue et s’oppose fermement aux conclusions de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’Asean », a déclaré, dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères de la junte, estimant que « les discussions et la décision sur la question de la représentation de la Birmanie ont eu lieu sans consensus et sont contraires aux objectifs de l’Asean ».

Plus tôt, la junte avait critiqué cette décision, accusant l’Asean d’avoir enfreint la règle de non-ingérence dans la politique intérieure de ses Etats membres. « Nous pouvons également voir l’ingérence des autres pays (non membres de l’Asean) », a déclaré le porte-parole de la junte, le général de brigade Zaw Min Tun, à l’équipe locale de la BBC.

Il faisait allusion aux pourparlers entre le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, et l’émissaire de l’Asean pour la Birmanie, organisés avant la réunion, et à la pression de l’Union européenne.

Répression militaire sanglante

La Birmanie, essentiellement dirigée par des militaires depuis un coup d’Etat en 1962, est une épine dans le pied de l’Asean depuis son adhésion à l’organisation en 1997. Un coup d’Etat a mis fin en février à une parenthèse démocratique de dix ans. La répression militaire est sanglante contre les opposants, avec plus de 1 100 civils tués et 8 400 emprisonnés, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques.

L’Asean, souvent jugée inefficace, est depuis l’objet de pressions face à l’aggravation de la crise. Elle a exprimé sa déception face au manque de coopération de la junte, qui continue de réprimer brutalement la dissidence. La junte s’est opposée à ce que M. Yusof rencontre des personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires, au premier rang desquels Mme Suu Kyi, 76 ans, lauréate du prix Nobel de la paix en 1991.

Elle est poursuivie pour avoir violé des restrictions liées au Covid-19 lors des élections de l’an passé, que son parti avait remportées largement, et pour avoir illégalement importé des talkies-walkies. Elle encourt des décennies de prison si elle est reconnue coupable.

La ministre des affaires étrangères indonésienne, Retno Marsudi, a déclaré sur Twitter vendredi que son pays avait proposé que la Birmanie « ne soit pas représentée au niveau politique » au sommet jusqu’à ce qu’elle rétablisse « sa démocratie par un processus inclusif ». Dans un communiqué conjoint, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et le Timor-Oriental ont fait part de leur « profonde préoccupation face à la situation critique en Birmanie », appelant la junte à « participer de manière constructive » au dialogue avec l’envoyé spécial de l’Asean.

La junte a promis d’organiser des élections et de lever l’état d’urgence en 2023.

Le Monde avec AFP

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