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Emmanuel Macron s’incline devant la mémoire des victimes de « crimes inexcusables » du 17 octobre 1961

Emmanuel Macron, président de la république, participe à une cérémonie en hommage aux victimes de la violente répression d’une manifestation d’Algériens, le 17 octobre 1961. Au parc départemental Pierre Lagravère, au pied du Pont de Bezons, samedi 16 octobre 2021 – 2021©Jean-Claude Coutausse pour Le Monde JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR  » LE MONDE »

La gerbe de fleurs tricolores, ceinte du ruban « le président de la République », a été déposée sur les planches de la promenade du Pont de Bezons, là même où des corps de manifestants FLN ont été jetés à l’eau le 17 octobre 1961. Emmanuel Macron s’est figé dans une minute de silence solennelle, visage grave. « Je suis ému d’être là », glissera-t-il plus tard. Devant lui, le cours de la Seine est juste troublé par le passage intermittent des péniches qui glissent sous le soleil automnal entre Saint-Denis et Reuil-Malmaison. Ce samedi 16 octobre, soixante ans après les faits, le chef de l’État sait que le moindre de ses gestes sur ce théâtre d’une des grandes tragédies de la période de la guerre d’Algérie est épié, scruté. Et que le moindre de ses mots portera, y compris au-delà de la Méditeranée. L’événement est l’un des temps forts de la démarche de « réconciliation mémorielle » qu’il appelle de ses vœux autour de l’Algérie, de ses héritages empoisonnés et ses désirs d’avenir.

Au pied de Bezons, aux côtés des différents « porteurs de mémoires » (enfants de familles du FLN, de harkis, de pieds noirs etc.) soudés dans l’émotion, il y a eu des mains serrées, des accolades, des mots glissés à l’oreille, des roses blanches jetées par les uns et les autres sur les flots. Mais il n’y a pas eu de discours. C’était un parti pris de l’Elysée qui considérait que sa seule « présence » était éloquente. La parole présidentielle tombera plus tard sous la forme d’un communiqué que chacun découvrira, heureux, mi-satisfait ou déçu selon le niveau de ses attentes.

« Une répression brutale, violente, sanglante »

Dans ce texte, M. Macron rappelle « la tragédie » d’« une répression brutale, violente, sanglante » avec ses « plusieurs dizaines de tués » et « les corps jetés à la Seine ». Et il ajoute, formule la plus attendue puisqu’il lui fallait bien à un moment qualifier les faits : « Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ». Il élude donc le mot « crime d’Etat » qu’espéraient les associations de la mémoire du 17 octobre 1961. Il évite tout autant de mentionner la responsabilité de l’institution policière dans la commission de ces « crimes ». Il n’est question de « l’autorité de Maurice Papon », le préfet de police de l’époque, promu bouc émissaire de l’ensemble de la « tragédie ».

Autour du président, l’émotion est palpable, d’autant qu’il a tenu à s’adresser en toute intimité aux différents représentants, à écouter leurs doléances, leurs douleurs et leurs espoirs. « C’est un moment très important, c’est une reconnaissance qui répare », abonde Zina Berrahal, fille d’un manifestant du 17 octobre 1961. « J’aurais aimé entendre ce discours car je sais que ce sont ses propres mots, commente Mehdi Ali Boumendjel, petit-fils d’Ali Boumendjel, avocat nationaliste algérien « torturé puis assassiné » par les militaires en pleine bataille d’Alger en 1957. Mais reconnaître les faits tels qu’il les a prononcés, c’est une réelle avancée. » La journaliste Nora Hamadi, militante active sur les quartiers populaires, estime que la venue du président au bord de la Seine est « un grand pas sur ce chemin, mais il reste encore long ». Elle a pu expliquer directement au chef de l’Etat que ce travail de mémoire doit aussi passer par « la question des discriminations et du rapport police-population, le continuum historique ». « La République ne doit pas rester qu’un slogan », ajoute-t-elle.

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