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La vedette du « printemps russe » en exil doré au Cap-Vert

Natalia Poklonskaïa, alors procureure générale de Crimée, le 9 mai 2016 à Simferopol, avec un portrait du tsar Nicolas II. MAX VETROV / AFP

Ce n’est certes pas Sainte-Hélène, ou la Sibérie, mais difficile d’y voir mieux qu’un exil doré. Mercredi 13 octobre, un oukaze du président russe, Vladimir Poutine, a confirmé la rumeur qui courait depuis la fin de l’été : la nomination de Natalia Poklonskaïa au poste d’ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie auprès du Cap-Vert, à 600 kilomètres des côtes occidentales de l’Afrique.

Curieuse conclusion – ou parenthèse – pour la carrière de celle qui reste l’une des très rares vedettes de la scène politique russe. D’autant que Mme Poklonskaïa, 41 ans, affichait encore il y a peu son intention de rester à la Douma pour un deuxième mandat de députée ou, à défaut, de retrouver sa fonction de procureure générale de Crimée.

Le destin de cette femme politique hors normes restera inexorablement associé à celui de la péninsule ukrainienne annexée par la Russie en mars 2014. Natalia Poklonskaïa se fait remarquer précisément à cette époque : son principal fait d’armes est d’avoir pris le parti de Moscou au début de l’intervention russe sur la péninsule, lorsqu’elle était simple procureure.

Elle est récompensée en étant nommée procureure générale de Crimée. Surtout, les médias du monde entier font d’elle une star, et l’emblème du « printemps russe », le terme désignant l’euphorie qui a suivi en Russie le « rattachement » de la Crimée. Au Japon ou en Corée, elle devient un personnage d’anime, dessinée sous des dizaines d’avatars qui rendent souvent plus hommage à sa plastique qu’à son parcours.

« Taliban orthodoxe »

Suite logique, elle est présentée par le parti au pouvoir, Russie unie, pour les élections législatives de 2016. Devenue députée fédérale, Natalia Poklonskaïa se fait remarquer cette fois pour ses positions ultranationalistes, monarchistes et religieuses. Elle assure avoir vu pleurer un buste de Nicolas II, et défend l’interdiction de films « offensant » le tsarisme. « Taliban orthodoxe », tranche la radio allemande Deutsche Welle.

Parallèlement, elle démontre aussi son indépendance d’esprit. En 2018, elle est la seule députée de Russie unie à voter contre la réforme des retraites. En punition, ses postes en commission lui sont enlevés. Elle critique aussi le fonctionnement de la justice russe. Plus tard, durant la pandémie de Covid-19, elle n’hésite pas, tabou suprême, à déclarer à la radio que les hôpitaux de Crimée sont dans un état « encore pire » que sous l’Ukraine, avec laquelle elle prône… un rapprochement.

A l’été 2021, elle annonce vouloir être à nouveau députée, puis renonce, disant qu’on lui propose un autre poste plus intéressant. Le journal RBK, bien informé, observe que ses ambitions dérangent autant à Simferopol, capitale de la Crimée, qu’à Moscou. Elle se dit soudainement intéressée par la diplomatie.

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