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Pour le porte-parole des talibans à Doha, « personne n’a intérêt à affaiblir l’Afghanistan »

Suhail Shaheen, le porte-parole des talibans à Doha, lors d’une conférence de presse, à Moscou le 9 juillet 2021. TATYANA MAKEYEVA / REUTERS

Suhail Shaheen est l’un des principaux visages de la diplomatie talibane. En tant que porte-parole du bureau du mouvement islamiste au Qatar, il a participé aux négociations avec les Etats-Unis, organisées dans cet émirat du Golfe, qui ont débouché sur l’accord de février 2020, prévoyant le retrait américain d’Afghanistan. Après la prise de Kaboul, à la mi-août, il a été nommé ambassadeur aux Nations unies, un titre pour l’instant virtuel, l’ONU ne reconnaissant pas le nouveau régime afghan. Ces derniers jours, Suhail Shaheen et d’autres dirigeants talibans se sont entretenus, à Doha, avec des émissaires américains et européens. Le Monde l’a interviewé mardi 12 octobre, avec d’autres médias francophones (RFI, TV5 Monde, Challenges, Le Parisien et le quotidien belge L’Echo).

Les dernières discussions de Doha ont-elles enregistré des progrès ?

Le progrès, c’est que les deux parties ont réalisé qu’elles devaient résoudre leurs problèmes par la négociation. Tout le monde a compris que les pressions ne fonctionnent pas et qu’il vaut mieux traiter les problèmes autour d’une table. Bien sûr, on ne peut pas tout régler en une seule réunion. C’est pourquoi les discussions vont se poursuivre.

Aucun pays n’a reconnu votre gouvernement. Pensez-vous obtenir cette reconnaissance internationale ?

Par principe, nous devrions être reconnus parce que nous contrôlons toutes les provinces, les principales villes, les frontières et que nous avons le soutien du peuple afghan. L’ancienne administration n’a plus aucune souveraineté et ne représente personne. L’hiver, qui est très rigoureux en Afghanistan, approche. Il est urgent que nous coopérions sur la question de l’aide humanitaire et sur d’autres sujets.

Quels droits êtes-vous prêts à accorder aux femmes ?

Nous pensons que les femmes, pour autant qu’elles portent le voile, ont le droit au travail et à l’éducation, conformément aux règles islamiques. Aujourd’hui, dans le primaire et le secondaire, 70 % des écoles fonctionnent [les lycées n’ont rouvert que dans quatre provinces sur trente-quatre]. Et d’autres vont prochainement rouvrir. Les femmes ont aussi le droit de faire des affaires, de choisir leur époux par elles-mêmes et de toucher un héritage. Tous ces droits sont accordés aux femmes par la loi islamique [Dans les faits, un grand nombre de femmes n’ont pas été autorisées à reprendre leur travail et dénoncent leur manque de liberté].

Des femmes journalistes ont reçu des menaces, l’une d’elles a été battue. Selon Reporters sans frontières, moins de 100 sont encore en activité à Kaboul, contre 700 à la mi-août…

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