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Javier Milei, l’ultralibéral qui joue les trublions de la politique argentine

Javier Milei, candidat au poste de député national, avec Ramiro Marra, candidat au poste de législateur municipal, tous deux pour Avanza Libertad, le 5 octobre 2021, à Buenos Aires, en Argentine. ESTEBAN OSORIO/PACIFIC PRESS/ZUMA/REA

« Vive la liberté, bordel ! » Le soir des résultats des élections primaires aux législatives, dimanche 12 septembre, Javier Milei, 50 ans, candidat à un siège de député dans la ville de Buenos Aires, a harangué ses partisans au rythme de son slogan, synthèse de son idéologie, le libertarisme réactionnaire. « Je ne suis pas venu ici pour guider des agneaux mais pour réveiller les lions ! », a continué de hurler l’économiste outsider et antisystème, usant de cette formule répétée devant des supporteurs galvanisés.

Son score, 13,66 %, l’a, de son propre aveu, étonné lui-même, le propulsant, dans la capitale, comme troisième force politique derrière la coalition de centre droit Juntos por el Cambio, qui tient la mairie de Buenos Aires depuis 2007, et derrière le parti du président, Alberto Fernandez (centre gauche). Ces primaires, qui font office de sondage grandeur nature des législatives du 14 novembre, ont marqué une déroute de ce dernier dans la majorité des régions.

S’il répète son score le 14 novembre, sous l’égide de la coalition « La liberté avance », Javier Milei sera élu député et rejoindra ainsi ceux qu’il désigne comme les « politiques inutiles, parasites, qui n’ont jamais travaillé », comme il l’a avancé lors d’un entretien accordé au Monde et à d’autres médias internationaux. Son élément de langage, asséné à l’envi : en terminer avec « la caste politique », qu’il « compte dynamiter de l’intérieur ». La cohérence ? « Si une chose ne vous plaît pas, le mieux c’est de la changer », justifie-t-il posément.

« Vote de colère »

Sa proposition-phare est d’en finir avec la banque centrale, siège de l’« immoralité » qu’il conspue. Il s’oppose par ailleurs au contrôle des capitaux et à l’introduction de nouveaux impôts. Tandis que le gouvernement argentin a continué de déployer des aides d’urgence aux plus démunis dans le cadre de la pandémie de Covid-19, le candidat n’entend pas renoncer aux subsides, mais ceux-ci deviendront, à son sens, naturellement obsolètes avec la croissance induite par « la liberté retrouvée », qui permettra de « rendre à l’Argentine sa puissance ». Le candidat nie le changement climatique, se prononce en faveur du port d’arme et réaffirme son opposition à l’avortement légal, approuvé le 30 décembre 2020 par le Parlement. Invité en visioconférence lors d’un meeting organisé à Madrid par le parti d’extrême droite espagnol Vox les 9 et 10 octobre, il a affiché son rejet du communisme.

« Javier Milei est un phénomène nouveau, observe Gabriel Vommaro, sociologue au Conseil national de recherche scientifique et technique, spécialiste de la droite argentine. Mais il s’inscrit dans deux dynamiques, celle de la croissance de la droite argentine depuis une quinzaine d’années, et, dans la région, la mouvance libertaire avec Bolsonaro », figure dont Javier Milei se réclame, tout comme de celle de l’ancien président des Etats-Unis Donald Trump. « Le vote pour Milei est un vote de colère », estime Gabriel Vommaro. Il s’agit cependant d’un phénomène encore circonscrit à la capitale.

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