France World

Berlin et Bruxelles suspendus au choix du ministre des finances allemand

De gauche à droite, les dirigeants des Verts allemands, Robert Habeck et Annalena Baerbock, et ceux des libéraux (FDP), le secrétaire général, Volker Wissing, et le leader du parti, Christian Lindner, à Berlin le 11 octobre 2021, pour discuter de la formation du gouvernement de coalition. CHRISTOF STACHE / AFP

Les Européens ont les yeux rivés sur les tractations qui commencent entre les sociaux-démocrates (SPD), les Verts et les libéraux (FDP) en vue de former une coalition dite « feu tricolore » en Allemagne. Un point, en particulier, est considéré comme déterminant pour la suite de l’aventure communautaire : le nom du prochain ministre des finances, alors que deux hommes aux positions divergentes – l’écologiste Robert Habeck et le libéral Christian Lindner – font figure de favoris pour ce portefeuille hautement stratégique.

Quel qu’il soit, le titulaire du poste n’aura bien sûr pas les mains complètement libres. D’abord, parce qu’il sera lié par le « contrat de coalition » sur lequel les trois partis de la future majorité se seront mis d’accord. Ensuite, parce qu’il sera placé sous l’autorité d’un chancelier – Olaf Scholz (SPD) – qui aura forcément un regard attentif sur ce ministère qu’il dirige depuis mars 2018.

Il n’empêche : le futur ministre allemand des finances pèsera de tout son poids sur deux sujets qui seront au cœur des préoccupations européennes durant les prochains mois et qui seront déterminants pour l’avenir des Vingt-Sept : d’une part, le Green Deal, avec les nombreuses législations en cours d’écriture qui doivent permettre à l’Union européenne (UE) d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ; d’autre part, le pacte de stabilité et de croissance, qui a été suspendu pour permettre aux Etats membres de faire face à la crise liée au Covid-19 et qui doit être rétabli en janvier 2023.

Deux scénarios opposés

Si le ministère des finances échoit aux Verts, qui proposent un plan d’investissement de 500 milliards d’euros sur dix ans pour la décarbonisation, la digitalisation et la modernisation des infrastructures en Allemagne, Berlin devra s’appuyer sur des règles budgétaires européennes accommodantes, plus que celles qui définissaient le pacte de stabilité jusqu’à la pandémie. De ce point de vue, les Verts allemands sont en phase avec la France, l’Italie et l’Espagne, qui militent pour une réforme en profondeur du pacte de stabilité, afin qu’il ne freine pas les investissements destinés à accompagner les transitions écologiques et numériques de l’Europe.

Si, à l’inverse, ce sont les libéraux qui obtiennent le portefeuille des finances, le message adressé à l’Europe sera tout autre. Les Pays-Bas et les autres Etats « frugaux » (Danemark, Suède, Autriche), qui souhaitent un retour rapide à l’orthodoxie budgétaire, se sentiront confortés. Le FDP est en effet clairement leur allié, autant qu’il est le cauchemar des pays plus endettés du sud de l’Europe. Ces derniers se souviennent des positions de son président, Christian Lindner, durant la crise de la zone euro. « Je l’ai rencontré par hasard à un dîner il y a quelques années, et la première chose qu’il a dite, c’est que les travailleurs allemands ne devaient pas voir leur épargne payer pour les citoyens de mon pays », confie un diplomate d’un pays méditerranéen.

Il vous reste 52.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Berlin et Bruxelles suspendus au choix du ministre des finances allemand est apparu en premier sur zimo news.