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Afghanistan : rencontre entre des représentants de l’Union européenne et des talibans

Dans les rues de Kaboul, le 9 octobre 2021. JORGE SILVA / REUTERS

Pour lutter contre son isolement diplomatique, le nouveau régime d’Afghanistan poursuit les discussions. Les dirigeants talibans vont rencontrer des responsables de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis, mardi 12 octobre, à Doha.

« Demain [mardi], nous rencontrerons les représentants de l’UE. Nous avons des réunions positives avec des représentants d’autres pays », a déclaré Amir Khan Muttaqi, ministre taliban par intérim des affaires étrangères, lors d’une conférence dans la capitale qatarie.

« Nous voulons des relations positives avec le monde entier. Nous croyons en des relations internationales équilibrées. Nous pensons qu’une telle relation équilibrée peut sauver l’Afghanistan de l’instabilité », a ajouté le responsable, selon une traduction en direct de son discours, du pachtoune vers l’anglais.

Cette rencontre aura lieu à Doha et inclura également des représentants des Etats-Unis, a précisé la porte-parole de l’UE Nabila Massrali, sans préciser le nombre ni les fonctions des délégués européens. « Il s’agit d’un échange informel, au niveau technique. Il ne constitue pas une reconnaissance du gouvernement par intérim », a-t-elle ajouté.

Selon elle, cet échange devrait « permettre aux Etats-Unis et aux Européens d’aborder des problèmes » tels que la liberté de déplacement pour les personnes désirant quitter l’Afghanistan, l’accès à l’aide humanitaire, les droits des femmes et empêcher l’Afghanistan de devenir un sanctuaire pour les groupes « terroristes ».

Ne pas se contenter « de regarder et d’attendre »

L’UE cherche avant tout à prévenir un « effondrement » de l’Afghanistan, a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à l’issue d’une réunion ministérielle. « Nous ne pouvons pas nous contenter de regarder et d’attendre. Nous devons agir, et rapidement », a-t-il ajouté.

Le nouveau régime islamiste, arrivé au pouvoir en Afghanistan en août, n’a été reconnu par aucun pays. Mais face à l’imminence d’une grave crise humanitaire dans ce pays entièrement dépendant de l’aide internationale après vingt ans de guerre, les manœuvres diplomatiques se multiplient.

Samedi, à Doha, les talibans ont rencontré des responsables américains pour les premières discussions directes avec Washington depuis leur prise du pouvoir. Leur chef de la diplomatie a appelé les Etats-Unis à établir de « bonnes relations » et à ne pas « affaiblir l’actuel gouvernement en Afghanistan ».

Après avoir accueilli pendant des années les pourparlers entre les talibans et les Etats-Unis, le Qatar continue de jouer un rôle de médiateur incontournable entre le mouvement islamiste et les chancelleries occidentales. Récemment, de hauts responsables talibans ont reçu à Kaboul l’envoyé britannique pour l’Afghanistan, Simon Gass.

Et un porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) qu’une délégation de son pays avait rencontré lundi de « hauts représentants talibans à Doha ». Les questions de sécurité, de menaces terroristes et des droits humains ont été abordées « dans une atmosphère professionnelle », a-t-il ajouté.

« Promesses non tenues »

Amir Khan Muttaqi a par ailleurs assuré que les talibans étaient capables d’avoir le « contrôle » sur le défi posé par l’organisation Etat islamique, qui a récemment multiplié les attentats en Afghanistan. « Nous avons beaucoup de résultats positifs (…) toutes leurs tentatives ont été neutralisées à 98 % et nous sommes bien préparés pour l’avenir », a avancé le ministre taliban qui s’est engagé à empêcher que des attaques terroristes contre des pays étrangers soient fomentées depuis le sol afghan.

Depuis le départ d’Afghanistan des troupes américaines le 30 août, le mouvement taliban montre patte blanche dans l’espoir de nouer des relations avec les puissances étrangères, notamment occidentales. Ces dernières insistent sur la nécessité de respecter les droits humains, en particulier ceux des femmes, les talibans ayant imposé un régime brutal lors de leur précédent règne.

Si les garçons ont été autorisés à revenir sur les bancs des écoles il y a trois semaines, les filles ont été priées, elles, de rester à la maison ainsi que les enseignantes. Amir Khan Muttaqi a justifié l’exclusion des filles des écoles par les fermetures liées à la pandémie de Covid-19. « La réouverture des écoles a déjà commencé », a-t-il assuré.

Lundi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dénoncé des promesses non tenues par les talibans à l’égard des femmes et des filles. Il les a exhortés à « remplir leurs obligations en vertu du droit international des droits humains et du droit humanitaire. »

Le Monde avec AFP

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