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Comment la Turquie s’est résolue à ratifier l’accord de Paris sur le climat

Des manifestants de la grève pour le climat, à Istanbul, le 24 septembre 2021. DILARA SENKAYA / REUTERS

« Ratifie Paris ! », demandait le jeune militant Atlas Sarrafoglu, un des ambassadeurs de la « génération climat » en Turquie, dans une publication Instagram il y a quelques mois. C’est désormais chose faite. Cinq ans après sa signature par le pays, le Parlement turc a approuvé à l’unanimité l’accord de Paris sur le climat, mercredi 6 octobre dans la soirée.

Le président Recep Tayyip Erdogan l’avait annoncé à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 21 septembre dernier. La Turquie a retardé la ratification, car elle souhaite être considérée comme un pays en développement afin de bénéficier du Fonds vert pour le climat, mécanisme financier d’aide aux pays les plus vulnérables de l’Organisation des Nations unies (ONU).

La perspective de la COP26, qui doit se tenir à Glasgow du 1er au 12 novembre, a achevé de convaincre Recep Tayyip Erdogan de faire ratifier le texte. Avec l’Erythrée, l’Iran, l’Irak, la Libye ou encore le Yémen, le pays faisait partie des derniers récalcitrants – sur les 195 parties signataires – à entériner le texte. Une posture susceptible d’entacher sa crédibilité, alors que la diplomatie climatique gagne en importance dans les instances internationales.

Protection de l’économie turque

A peine rentré des Etats-Unis, le président turc n’a pas perdu de temps. Le texte est arrivé en commission pour examen aux premiers jours de la rentrée parlementaire, mardi 5 octobre. La Turquie s’engage ainsi à participer à l’effort pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement planétaire à 2 °C au-dessus du niveau préindustriel, et atteindre la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle. Dans les couloirs du Parlement, il est question d’une échéance à l’horizon 2053, mais le gouvernement ne devrait officialiser une date que dans les prochaines semaines.

« Nous nous attendions à cette décision, assure Murat Bakan, député du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), et membre de la commission environnement au Parlement. Des organisations professionnelles comme la TUSIAD [un syndicat patronal laïc] insistaient sur le fait qu’il fallait absolument ratifier l’accord de Paris, sinon cela aurait un coût. En réalité, la motivation principale n’est pas vraiment de sauver la planète ou de diminuer la part de la Turquie dans le réchauffement, c’est d’éviter que cela ne porte préjudice à l’économie turque… Elle est déjà mal en point. »

L’Union européenne (UE), principal partenaire commercial de la Turquie, a en effet adopté le pacte vert imposant des sanctions, notamment une taxe carbone aux frontières qui viendrait handicaper l’exportation de plusieurs produits de l’industrie turque.

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