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« Pandora Papers » : l’élite politico-financière libanaise championne de l’évasion fiscale

Le premier ministre libanais Najib Mikati lors d’une cérémonie officielle marquant son entrée en fonction au palais du gouvernement à Beyrouth, au Liban, le 13 septembre 2021. DALATI NOHRA / VIA REUTERS

Le premier ministre, Najib Mikati, son prédécesseur Hassan Diab, le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, des banquiers et hommes d’affaires de premier plan : la liste des membres de l’élite politico-financière libanaise qui apparaissent dans les « Pandora Papers » est longue. Avec 346 sociétés répertoriées, le pays du Cèdre fait même figure de meilleur client du cabinet Trident Trust, un spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore dans les paradis fiscaux dont provient une partie des documents qui ont fuité. La situation n’étonne guère au Liban, mais elle renforce la défiance envers une élite vue comme corrompue et prédatrice, et jugée responsable de l’effondrement financier et économique du pays.

« Comment ces oligarques font-ils encore des profits en mettant leur fortune à l’étranger pour échapper à l’impôt ? Quand les riches se soustraient à l’impôt, cela a des conséquences sur nos services de santé, sur l’éducation, etc. Nous sommes supposés croire que ceux-là mêmes vont nous sortir du trou maintenant ? », dénonce Diana Moukalled, rédactrice en chef du magazine d’investigation en ligne Daraj. Ses journalistes ont mené l’enquête sur le volet libanais du scandale révélé, dimanche 3 octobre, par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) en collaboration avec 150 médias internationaux, dont Le Monde.

« Garder la tête froide »

Dans les 12 millions de documents confidentiels transmis à l’ICIJ, apparaissent plus de 330 responsables politiques et personnalités publiques de 90 pays, qui dissimulent leur fortune derrière des sociétés-écrans dans des paradis fiscaux. Dans le cas libanais, ces révélations ne permettent pas d’avérer l’existence d’infractions financières. « On peut être face à des situations d’évitement fiscal qui se basent sur des lois en vigueur, des brèches et des failles qui mènent à des situations de non-imposition. On peut avoir à faire à des flux financiers illicites. Il faut garder la tête froide jusqu’à ce que des enquêtes soient menées », estime Karim Daher, avocat fiscaliste et président de l’Association libanaise pour les droits et l’information des contribuables (Aldic).

Le magnat des télécoms, Najib Mikati, à la tête du gouvernement formé en septembre, apparaissait déjà dans les « Panama Papers » (2008) comme propriétaire de la société Hessville Investment Inc. domiciliée dans le paradis fiscal du Panama, et dans les « Paradise Papers » (2017). L’homme d’affaires, dont la fortune est estimée à 2,9 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) dans le dernier classement Forbes, aurait, selon les nouvelles révélations, acheté par le biais de sa société Hessville Investment Inc. une propriété d’une valeur de 7 millions d’euros à Monaco en 2008. Son fils Maher détiendrait en outre deux sociétés offshore domiciliées dans les îles Vierges britanniques (BVI), utilisées par le fonds d’investissement de la famille Mikati, le M1 Group, pour acheter un bureau à Londres.

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