Le ministre britannique des Finances, Rishi Sunak, a défendu lundi les mesures de soutien à l’emploi du gouvernement de Boris Johnson au congrès du parti conservateur, insistant aussi sur la nécessité de rétablir les finances publiques après la pandémie, ce qui fait craindre de nouvelles hausses d’impôts.
« Notre dette est de près de 100% de notre PIB, donc nous avons besoin de rétablir nos finances publiques », a-t-il déclaré au congrès organisé à Manchester, dans le nord-ouest de l’Angleterre.
M. Sunak fait face aux critiques d’opposants mais aussi de membres de son propre parti, pour les hausses d’impôts récemment annoncées, notamment des cotisations sociales et de l’impôt sur les sociétés.
Sur Sky News, il a défendu l’augmentation des cotisations sociales, « décision difficile particulièrement pour un Chancelier conservateur », mais nécessaire pour « s’assurer que le système de santé britannique (le NHS, NDLR) aura les fonds requis » face à l’épidémie de Covid.
M. Sunak est passé rapidement sur les problèmes d’approvisionnement, qui engendrent des pénuries, se contentant de dire qu’il s’agit d’un problème ressenti « autour du monde » et que Downing Street est « déterminé à affronter ».
Les pénuries de travailleurs, d’essence et de camions font tache d’huile sur toute l’économie britannique, faisant craindre notamment un Noël dégarni, après des fêtes ratées il y a un an quand le pays était confiné.
Elles entraînent une augmentation des prix qui a atteint des records cet été et devrait se poursuivre d’ici la fin de l’année au moins.
Cette inflation met sous pression les finances des familles les plus défavorisées. A cela s’ajoute la fin du programme de chômage partiel depuis la semaine dernière, qui fait craindre des vagues de licenciements.
– Enveloppe de 500 millions de livres –
En 18 mois, le dispositif a permis de soutenir près de douze millions d’emplois dans les secteurs frappés par les mesures sanitaires, pour un coût de 70 milliards de livres.
Le programme de chômage partiel s’arrête, mais le Chancelier a dit lundi que Londres allait « étendre le plan réussi pour l’emploi à l’an prochain », y compris les aides à la création d’entreprises et les initiatives sur l’apprentissage.
M. Sunak, devenu en un an et demi une figure de premier plan du parti conservateur, vient ainsi de dévoiler une nouvelle enveloppe de 500 millions de livres (584 millions d’euros) qui vise à accompagner « des centaines de milliers » d’employés ne disposant plus du chômage partiel, ainsi qu’un fonds de 500 millions de livres pour les familles vulnérables.
Il a aussi fait valoir que le taux de chômage britannique, à 4,6% en juillet, « est plus bas qu’en Amérique, au Canada, en France, en Espagne, en Italie » et que le pays a un nombre record de postes vacants.
L’économie britannique a redémarré plus vite que prévu au deuxième trimestre, avec une croissance de 5,5%. Elle a cependant perdu de l’élan en juillet avec une hausse du PIB de seulement 0,1%, notamment à cause de pénuries de travailleurs dans certains secteurs, comme le transport routier.
Face à l’urgence, le gouvernement s’est finalement résolu fin septembre à accorder jusqu’à 10.500 visas de travail de trois mois. C’est toutefois trop peu et trop court, selon nombre d’organisations professionnelles, pour faire revenir les travailleurs étrangers, européens notamment, qui ont quitté le Royaume-Uni pendant la pandémie et ne sont pas revenus à cause des complications du Brexit.
Le gouvernement déploie aussi depuis lundi 200 militaires pour assurer la livraison de carburant après des pénuries dans les stations-services.
Mais les difficultés de certains secteurs (transport, restauration…) pour recruter sont structurelles à cause des conditions de travail peu attractives, ce qui pousse beaucoup d’entreprises à augmenter actuellement les salaires.
Nombre d’économistes et commentateurs estiment cependant que l’argument de Downing Street, qui promet un marché du travail post-Brexit fondé sur des meilleures qualifications et salaires, est risqué vu l’ampleur des pénuries de travailleurs: il manque 100.000 conducteurs de camions au Royaume-Uni et le problème touche à présent aussi les cadres.
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