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La colère des paysans indiens prend un tour politique

A la frontière entre Gazipur Delhi-Uttar Pradesh lors d’une grève des agriculteurs qui  protestent contre les réformes agricoles du gouvernement central à Ghaziabad le 27 septembre 2021. SAJJAD HUSSAIN / AFP

L’accident marque peut-être un tournant dans la révolte paysanne en Inde, qui dure depuis plus d’un an, la plus longue protestation depuis l’indépendance de 1947. Neuf personnes, dont quatre agriculteurs, ont été tuées, dimanche 3 octobre, lors d’une manifestation à Lakhimpur Kheri, dans l’Uttar Pradesh, et une quinzaine de manifestants ont été blessés. Ils s’étaient rassemblés pour protester contre la visite du ministre des affaires intérieures, Ajay Mishra, accompagné du vice-ministre de l’Etat.

Les faits restent encore à éclaircir. Selon les agriculteurs, les manifestants ont été percutés et écrasés par des voitures d’un convoi de militants du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir, venus accueillir le ministre. Parmi les victimes, on compte aussi un journaliste et quatre membres du convoi. Ce drame a ravivé la colère des agriculteurs, d’autant que les paysans assurent que le fils du ministre était dans l’un des véhicules qui a fauché les leurs. Une plainte a été déposée contre lui.

Personnalités de l’opposition arrêtées

Craignant d’être débordé, le gouvernement régional dirigé par le moine nationaliste hindou Yogi Adityanath a interdit les rassemblements, fait couper Internet, fermer les routes menant à la capitale de l’Uttar Pradesh, Lucknow, et arrêter les personnalités de l’opposition qui tentaient de se rendre sur place pour assurer les paysans de leur soutien.

Parmi elles, Priyanka Gandhi, la fille de l’ancien premier ministre Rajiv Gandhi assassiné, qui sera candidate aux prochaines élections régionales en Uttar Pradesh pour tenter de renverser Adityanath. Elle a été arrêtée vers 4 heures du matin dans la nuit de dimanche à lundi alors qu’elle allait à la rencontre des familles des victimes. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on voit la secrétaire générale du Parti du Congrès, le principal parti d’opposition, balayer une pièce dans laquelle elle a été placée en détention.

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— priyankagandhi (@Priyanka Gandhi Vadra)

Un autre leader régional d’opposition, Akhilesh Yadav, du Samajwadi Party, a lui aussi été arrêté ; il a déclaré que les habitants de l’Uttar Pradesh « en avaient assez de la répression » du BJP et a appelé à la démission d’Adityanath, connu pour incarner le visage de l’hindouisme extrême et régner par la terreur, notamment contre les musulmans.

Dans un geste d’apaisement, ce dernier a promis de l’argent, comme à chaque fois qu’il se produit un drame dans son Etat : 4,5 millions de roupies (52 000 euros) pour chaque famille de victime, 1 million de roupies (11 500 euros) pour les agriculteurs blessés. Un juge de la Haute Cour, à la retraite, devrait enquêter sur les violences.

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