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Regain de tensions sur la pêche entre Paris et Londres

Décidément, Boris Johnson aime ouvrir des fronts avec ses partenaires européens avant les congrès du Parti conservateur. Il y a un an, le dirigeant britannique avait présenté un projet de loi « sur le marché intérieur » remettant en cause une partie des engagements du Royaume-Uni dans le traité de divorce avec l’Union européenne (UE). Faut-il y voir une nouvelle coïncidence ? Cette année, alors que les tories doivent se retrouver ce week-end à Manchester (nord-ouest de l’Angleterre) et qu’il est aux prises avec de multiples crises intérieures (pénurie d’essence dans les stations-service, rayonnages vides dans les supermarchés), le dirigeant s’en est pris à la France sur le sujet à haut risque politique de la pêche, censé avoir été réglé dans le cadre de l’accord commercial entre les Vingt-Sept et Londres, conclu fin 2020.

Le Royaume-Uni a annoncé, mardi 28 septembre, avoir accordé aux bateaux de moins de douze mètres pêchant dans les six-douze milles nautiques (ses eaux territoriales) douze licences d’accès sur les quarante-sept réclamées par Paris. Mercredi, Jersey a déclaré qu’elle délivrait, pour cette même catégorie de pêcheurs, dix-sept nouvelles licences, en plus des quarante-sept déjà octroyées, et trente et une provisoires. L’île Anglo-Normande a, en revanche, refusé soixante-quinze demandes de bateaux français. « Notre approche a été raisonnable et totalement en ligne avec nos engagements dans le cadre de l’accord commercial avec l’UE, a assuré un porte-parole du 10 Downing Street, mardi. Nous continuons de travailler avec la Commission et les autorités françaises et examinerons toutes les preuves supplémentaires fournies pour défendre les demandes de licence restantes. »

« Mauvaise foi »

Ce sujet de friction entre Londres et Paris ne va pas améliorer une relation très dégradée entre les deux pays. Le Royaume-Uni et la France s’opposent déjà sur la migration – le gouvernement Johnson reproche au ministère de l’intérieur de ne pas assez lutter contre les traversées de la Manche par les migrants (à un niveau record). L’alliance Aukus entre le Royaume-Uni, l’Australie et les Etats-Unis ayant valu à la France l’annulation d’une commande de sous-marins par Canberra n’a pas arrangé les choses. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement français, a jugé « totalement inacceptables et inadmissibles » les décisions britanniques en matière de pêche.

Interrogé sur RTL, Clément Beaune, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, a évoqué des mesures de rétorsion « sur un certain nombre de produits britanniques » exportés en Europe ou « en matière énergétique », alors que le Royaume-Uni est de ce point de vue dépendant du continent – et subit déjà de plein fouet la hausse des prix du gaz. « On a de nombreux sujets sur lesquels les Britanniques ont besoin de nous », a poursuivi Clément Beaune, « il y a un accord global » sur le Brexit et, « s’ils ne respectent pas la partie sur la pêche, on peut prendre des mesures et nous n’hésiterons pas à le faire, collectivement, dans l’UE ».

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