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En Turquie, mobilisation étudiante sur fond de crise économique

Rassemblement étudiant devant le parc de la mosquée Sisli, à Istanbul, le 24 septembre 2021. SINEM DISLI POUR « LE MONDE »

La nuit vient de tomber à Istanbul, vendredi 24 septembre. Sur les marches de la petite place, devant la mosquée de l’arrondissement de Sisli, sur la rive européenne, ils sont une vingtaine d’étudiants rassemblés pour un cinquième jour de veille. Plusieurs camarades passent leur apporter du thé et quelques biscuits pour tenir jusqu’au matin. Aucune banderole n’est affichée, pas d’affiliation politique revendiquée, mais un seul message : « Nous ne pouvons pas nous loger. »

« Cela fait longtemps que le problème se pose », explique Kemal, 23 ans, un des étudiants à l’origine de la mobilisation. « Aujourd’hui, c’est devenu impossible de trouver un logement (…) alors nous avons décidé de manifester en allant dormir dans la rue. » A peine lancé, l’appel de Kemal et de ses amis a reçu un accueil retentissant sur les réseaux sociaux. Des centaines d’étudiants se mobilisent désormais à Istanbul, Ankara, Izmir, Diyarbakir et d’autres villes de province. Chaque soir, ils se retrouvent en place publique pour dénoncer leurs conditions de vie et inciter les autorités à agir.

Explosion du prix des loyers

L’initiative, qui met directement en question les orientations de la politique gouvernementale, n’est pas sans rappeler le mouvement étudiant du début de l’année. Les étudiants de la prestigieuse université du Bosphore, à Istanbul, s’étaient alors mobilisés contre la nomination d’un recteur proche du pouvoir. Le gouvernement, lui, ne s’était pas engagé à considérer les étudiants comme des interlocuteurs.

« La Turquie est le pays qui dispose du plus grand nombre de lits et de résidences universitaires publiques, a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan, en début de semaine, à la sortie d’un conseil des ministres. Ceux qui dorment dans les parcs, les jardins et sur les bancs ces derniers jours n’ont rien à voir avec des étudiants, je vous le dis très clairement. Ces soi-disant étudiants ne sont qu’une nouvelle version de ceux qui étaient à Gezi [manifestations antigouvernementales de 2013]. »

Le quartier gentrifié de Yeldegirmeni, à Istanbul, le 25 septembre 2021. A gauche, un immeuble rénové a été transformé en hôtel. SINEM DISLI POUR « LE MONDE »

Le prix des loyers dans les grandes villes a explosé ces derniers mois et nombre d’étudiants se retrouvent sans logement à quelques jours à peine de la rentrée universitaire. Kemal, lui, vivait dans le quartier d’Usküdar, sur la rive asiatique du Bosphore, avec cinq colocataires. Pour payer sa part des 2 000 livres turques (200 euros) de loyer, il a trouvé un petit boulot en parallèle de ces études : « Au bout d’un moment, j’ai arrêté d’aller à l’université, car je devais travailler. Mes priorités ont changé par la force des choses. J’essayais d’obtenir mon diplôme malgré tout, mais je n’ai pas réussi. »

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