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« Le référendum de Nouvelle-Calédonie pourrait être le grain de sable qui viendra gripper la belle machine de l’Aukus »

Kanak independence supporters wave flags of the Socialist Kanak National Liberation Front (FLNKS) after the referendum on independence on the French South Pacific territory of New Caledonia in Noumea on October 4, 2020. The French South Pacific territory of New Caledonia narrowly rejected independence in a referendum on October 4, 2020, the archipelago’s high commission said after a partial count of the votes. The anti-independence vote fell to 53.3 percent according to the 70 percent of ballots counted, down from 56.7 percent in a previous referendum two years ago, it said. / AFP / Theo Rouby THEO ROUBY / AFP

Chronique. L’Aukus, c’est un peu le prototype de la géostratégie du XXIe siècle. Cet accord de défense entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, rendu public le 15 septembre, est le sous-produit d’une méga-alliance conçue au XXe siècle autour du camp occidental. Celle-ci n’est pas totalement caduque, mais elle doit évoluer, parce que la menace face à laquelle elle a été créée a elle-même changé. Hier soviétique, elle est aujourd’hui chinoise. Lorsque les plaques tectoniques bougent, c’est forcément avec fracas. Ici, c’est la France, brutalement écartée, qui en a fait les frais.

Comme pour tous les prototypes, cependant, il arrive qu’un grain de sable vienne gripper les machines les plus innovantes. Les grandes puissances, on l’a vu, n’ont pas toujours le souci du détail. Et, dans l’affrontement sino-américain qui se joue dans le grand bain de l’Indo-Pacifique, il n’est pas absurde de se demander : est-ce que l’un des stratèges de Washington, de Londres et de Canberra a pris en compte l’issue possible d’un scrutin prévu dans moins de trois mois dans un petit archipel français de 280 000 habitants du Pacifique Sud, la Nouvelle-Calédonie ?

Ce scrutin, le 12 décembre, est le troisième et dernier référendum sur l’avenir du territoire, en application des accords de Nouméa de 1998. Il s’agit, ni plus ni moins, de décider si la Nouvelle-Calédonie restera dans le giron français ou accédera à l’indépendance. Les deux premiers référendums ont validé la première option, mais à une majorité de plus en plus étroite. L’issue du troisième scrutin est donc incertaine.

« Diplomatie du chéquier »

Pour comprendre l’enjeu géopolitique de ce vote sur le Caillou, il faut regarder les cartes (par exemple, celles du chapitre « Australie : choisir son camp » dans le tout nouvel atlas d’Emilie Aubry et Frank Tétart, Le Dessous des cartes. Le monde mis à nu, Tallandier-Arte Editions, 224 p., 29,90 €) et se plonger dans l’évolution récente des petits Etats insulaires qui forment un arc au nord-est de l’Australie.

La plus proche de la côte australienne, la Nouvelle-Calédonie fait partie de cet arc. Et elle fait un peu figure d’exception, tant les autres îles se sont rapprochées – politiquement – de la Chine, qui a tissé la toile de ses fameuses « nouvelles routes de la soie » jusque dans ces petits territoires. L’OPA de Pékin y a été couronnée de succès. A une heure de vol de Nouméa, Vanuatu offre un excellent exemple de l’offensive chinoise, à coups de crédits par dizaines de millions de dollars, d’infrastructures plus ou moins indispensables et de dette explosive. Autour de Vanuatu, les îles Fidji, Samoa, Tonga, les îles Salomon ont elles aussi cédé à la tentation de la « diplomatie du chéquier », souvent en échange d’une répudiation de Taïwan.

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