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La Chine connaissait Tintin, elle découvre désormais Hergé grâce à une exposition à Shanghaï

LETTRE DE PÉKIN

Dans une rue de Pékin, en 2013. WANG ZHAO / AFP

Philippe Wang est un salarié comblé. Passionné par Tintin depuis l’adolescence, il est désormais l’unique représentant de la société Moulinsart en Chine. « Mon professeur de français m’a fait connaître Tintin au Congo en 1984. J’avais une dizaine d’années, n’avais jamais vu d’Africains de ma vie et n’étais jamais sorti du pays. Les aventures de ce reporter étaient vraiment une fenêtre sur le monde », explique ce parfait francophone, dans un café de Shanghaï.

Ne manquant jamais de faire un détour par Bruxelles et la boutique Tintin au tournant du siècle lorsque ses activités professionnelles l’amenaient à Paris, Philippe Wang finira par se faire embaucher par Moulinsart en 2006. A son actif, une traduction en chinois à partir de l’édition française et non plus de l’anglaise, la traduction du site Tintin.com, qui explicite chaque album – « deux ans de travail », confie-t-il –, des conférences dans de nombreuses écoles du pays, l’ouverture de deux boutiques en ligne sur les principaux sites de commerce en ligne chinois puis, en 2019, d’une boutique Tintin au cœur de Shanghaï.

En Chine aussi « DingDing » est une star

Symbole de ce dynamisme : Shanghaï héberge, depuis début août, la plus grande exposition jamais réalisée dans le monde sur Hergé. Ouverte à la Power Art Station – une ancienne centrale électrique reconvertie en musée d’art contemporain –, elle devrait, selon les organisateurs, accueillir 150 000 visiteurs en trois mois.

Présentant de nombreuses planches originales venues de Bruxelles, qui montrent le véritable « travail d’horloger » d’Hergé et de ses assistants, diffusant plusieurs documentaires rendant hommage à ses talents de visionnaire, et mettant en valeur ses dons de publiciste, l’exposition est une vraie réussite.

« Elle fait 1 600 mètres carrés, soit 25 % de plus que celle organisée à Paris, au Grand Palais, en 2016. J’aurais voulu l’intituler “Hergé”, car je voulais surtout rendre hommage à ce grand peintre qui souffrait de ne pas être reconnu comme un artiste à part entière, mais les responsables du musée ont insisté pour que le nom de “Tintin” apparaisse dans le titre. Elle s’appelle donc “Tintin et Hergé” », explique le quadragénaire.

C’est qu’en Chine aussi « DingDing » est une star. Il a ses fans, généralement des hommes cultivés, qui se retrouvent de temps à autre pour étudier une thématique particulière (« Tintin et la Chine », « Tintin et l’automobile »…), mais aussi, grâce à Philippe Wang, des élèves d’origine modeste. « J’ai envoyé des albums de Tintin dans des écoles du Henan, une province pauvre où les enfants sont souvent élevés par leurs grands-parents, car les parents sont partis travailler en ville. Les garçons ont adoré l’histoire de ce reporter dont on ignore dans quelle famille il a grandi. Quand j’y suis passé quelques mois plus tard, un élève avait lu dix fois tous les albums. Les valeurs véhiculées par Tintin, le courage, l’aventure, l’amitié, sont universelles et plaisent donc aux Chinois », se réjouit ce tintinolâtre.

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