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Au Mexique, le fiasco de la vente de l’avion présidentiel

Le Boeing 787 présidentiel, à Mexico (Mexique), le 3 décembre 2018. ALEJANDRO MELENDEZ / AFP

LETTRE DE MEXICO

C’était l’emblème de la lutte du président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), contre les « privilèges » de ses prédécesseurs. La vente du rutilant avion présidentiel tourne au fiasco, faute d’acquéreur. « AMLO » a même tenté d’en faire le gros lot de la loterie nationale. Sans succès. Ce luxueux Boeing 787 reste cloué au sol depuis près de trois ans. Un gouffre financier qui fait de l’ombre à la sévère cure d’austérité lancée par « AMLO », au bénéfice des plus pauvres.

La présentation du budget 2022, mercredi 8 septembre, a allumé la mèche des critiques. Propriétaire de l’appareil, l’armée prévoit d’allouer 331 millions de pesos (14 millions d’euros) au crédit souscrit, dix ans plus tôt, auprès de la banque publique, Banobras. Acheté par le président Felipe Calderon (2006-2012), utilisé par son successeur, Enrique Peña Nieto (2012-2018), l’avion a coûté au total la modique somme de 242 millions d’euros.

« Pharaonique et indécent »

L’an dernier, l’armée avait stoppé les remboursements, prévus jusqu’en 2027, dans l’espoir de vendre l’avion, équipé d’une suite présidentielle, de chambres d’invités, d’un bureau et d’un salon richement décorés.

Un « appareil pharaonique et indécent », selon « AMLO », qui voyage, comme ses ministres, sur des vols commerciaux. Elu triomphalement (53 % des suffrages), en 2018, sur un programme de gauche au slogan sans équivoque, « Les pauvres d’abord ! », le président a fait de sa vente une « question morale » dans un pays où plus de quatre Mexicains sur dix sont démunis. Les fonds récoltés seraient alloués à des programmes sociaux et à l’achat de matériel médical.

Le bide suscite la polémique dans un contexte de réduction drastique des dépenses publiques, prônée par « AMLO »

Mais le jet trône toujours dans un hangar à Mexico. D’autant qu’il aurait perdu plus de la moitié de sa valeur initiale, selon la presse. Pour s’en débarrasser, « AMLO » avait proposé, en 2020, de le soumettre au tirage au sort de la loterie nationale à l’occasion de la fête nationale, le 15 septembre. Les railleries des internautes, s’interrogeant sur les problèmes de stationnement de l’éventuel gagnant, l’avaient néanmoins amené à revoir sa copie. Finalement, la valeur actuelle de l’appareil avait été fragmentée en « cent prix de 20 millions de pesos [851 000 euros] », sans régler son sort pour autant.

Pour l’heure, 106 millions d’euros restent à rembourser à Banobras, d’ici à 2027. Sans compter 1,9 million d’euros de maintenance par an. Le bide suscite la polémique dans un contexte de réduction drastique des dépenses publiques, prônée par « AMLO », qui a lui-même divisé son salaire de moitié. « 1 400 milliards de pesos [59 milliards d’euros] ont été économisés », s’est félicité le président, le 1er septembre, lors de son troisième discours à la nation.

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