Comme un symbole, 19 ans après leur dernier passage à Zolder, la centième édition des championnats du monde de cyclisme sur route se déroule en Belgique cette année. Entre Anvers et Louvain, l’ambiance s’annonce suffocante ce dimanche pour la course masculine.
Il n’y a qu’à interroger l’intégralité des coureurs de l’équipe de France pour bien comprendre. Car à l’évocation de ces championnats du monde en Belgique, Julian Alaphilippe et consorts parlent tous d’un vrai « bonheur » de se retrouver à courir la plus prestigieuse course de l’année au « Pays du vélo ».
Des milliers de spectateurs au bord des routes, des terrasses bondées dès 10 heures du matin dans les villes, la bière qui coule à flots, l’odeur enivrante des frites et de la fricadelle. Voilà le tableau traditionnel d’une grande course de vélo en Belgique. Un tableau aux couleurs « noir-jaune-rouge » habillant le drapeau de ce pays déjà 26 fois lauréat du titre suprême chez les garçons. Pour agrémenter le tout, imaginez tous les fans qui donnent de la voix jusqu’à rayer le disque et exploser leurs cordes vocales.
Parmi eux il y a quelques jours à Bruges juste avant le contre-la-montre, le plus fervent supporter du jeune prodige Remco Evenepoel, son papa Patrick, ne pouvait que se réjouir pour son Bruxellois de fils de disputer des mondiaux à domicile. « C’est extraordinaire, spécial. Ça va peut-être se dérouler une fois en 20 ans en Belgique. Je lui ai dit de profiter du moment. Je lui ai dit qu’il y avait 100 autres Belges qui voudraient être à sa place. Donc qu’il prenne sa chance, travaille, et roule pour son pays. »
Travailler et rouler notamment pour son leader, flahute parmi les flahutes, le favori de la course dimanche, l’inévitable Wout Van Aert, aérien en ce moment. Notamment vainqueur de trois étapes sur le dernier Tour de France. Pour lui, disputer ces Mondiaux en Belgique a évidemment une saveur toute particulière. « Je me suis entrainé pour ça depuis deux mois. C’est mon seul objectif depuis les Jeux olympiques. J’ai de bonnes jambes. Je suis très motivé à l’idée d’aller chercher l’or. Les supporters sont prêts l’équipe est prête, on voit l’ambiance qui commence à monter, ça donne beaucoup d’émotion. »
Alaphilippe: « Vraiment chouette pour les amoureux du cyclisme »
Une ambiance qui sera à son comble ce dimanche où la folie devrait donc s’emparer des bords de route. Une émotion particulière pour les Belges. Une ambiance qu’affectionne particulièrement Julian Alaphilippe, le Français, champion du monde en titre. « Un championnat du monde de cyclisme au pays du vélo, ça va être une grande fête. Ça va être vraiment chouette pour les amoureux du cyclisme. »
Impatient également, son coéquipier à l’année en équipes de marques, Florian Sénéchal, amoureux de la Belgique au point d’y avoir établi son lieu de résidence à l’année. C’est un spécialiste des courses belges, dites « flandriennes » (avec des pavés et des monts), habitué de cette ambiance de folie. « Ils savent faire la fête pour le vélo. C’est un public de passionnés, de connaisseurs. C’est incroyable l’engouement ici. C’est un peu comme une coupe du monde. C’est une coupe du monde du vélo. Il va y a voir un monde fou. J’ai l’impression que les Belges ils ont été privés de vélo au bord des routes pendant un an avec le Covid, et là ils vont se rattraper en un jour. Ca va être la fête du vélo. »
Privés de vélo pendant un an, les supporters belges. Mais pas privés d’ambitions. Un tantinet chauvins, d’ailleurs. Avec ce sentiment de déjà vu dans le plat pays, où la passion a vite fait de l’emporter sur la raison, quel que soit le sujet. De quoi inciter les observateurs au calme et à la mesure. Samuel Grulois, journaliste pour la radio nationale belge, se souvient de nombre de compétitions de football où le scenario a mal tourné pour les Diables rouges. Il connait le caractère encore plus aléatoire d’une course de vélo. Et toutes les exigences de modestie qui vont avec.
« Parce que des championnats du monde, c’est parfois une loterie. Souvenez-vous la surprise Pedersen en 2019. Ça peut arriver ici vu le circuit proposé. Il y a de la pression pour les Belges. Il y a cette expression horrible qui dit que nul n’est prophète en son pays. Donc il faudra gérer cette pression médiatique énorme. Il y a une pression médiatique sur Wout Van Aert. Pour la première fois, il la ressent. Malgré toute son expérience, il n’avait jamais ressenti ça. Il y a une approche mentale sans doute importante pour réussir la performance. »
Départ 10h00 ce dimanche de la course en ligne. Les campings cars et les tentes des plus fervents supporters sont déjà installées au bord de la route. L’élan de folie annoncé ne sera sans doute pas sans rappeler le Tour des Flandres, qui se court chaque année début avril dans le nord-ouest de la Belgique.
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