L’OTAN, rudement secouée ces dernières semaines, n’affronte pas facilement les débats douloureux. D’où le silence officiel, au sein de l’Alliance atlantique, sur la naissance d’Aukus, qui réunira, dans la région indo-pacifique, l’Australie et deux membres éminents de l’OTAN, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Un troisième, la France, a été écarté, subissant du même coup la perte d’un important marché de sous-marins conclu avec Canberra.
Après le coup de colère de Paris, on a, au siège bruxellois de l’OTAN, laissé passer l’orage, pour mieux se réjouir du communiqué apaisant diffusé après l’échange entre Emmanuel Macron et son homologue Joe Biden, mercredi 22 septembre. Celui-ci affirmait notamment que Washington reconnaissait qu’il était « nécessaire que la défense européenne soit plus forte et plus performante, en contribuant de manière positive à la sécurité transatlantique et mondiale, et en complétant le rôle de l’OTAN ».
Une manière de concilier la vision française d’une Europe plus autonome et résiliente et celle, américaine, d’une défense européenne solide mais qui n’entre pas en concurrence avec l’Alliance atlantique. Une manière, surtout, d’éviter un conflit ouvert, quelques mois seulement après des retrouvailles entre alliés, à l’issue d’une ère Trump marquée par des polémiques sur le rôle même de l’Alliance.
Dans les délégations européennes au siège de l’OTAN, le soutien à Paris a, en tout cas, été à l’image de celui apporté par les institutions de l’UE : très prudent. Berlin, par la voix du favori au poste de chancelier, Olaf Scholz, a dit parler « au nom de tout le gouvernement » actuel pour appuyer Paris et prôner « une Europe forte et souveraine ». Nils Schmid, porte-parole du SPD – le parti de M. Scholz – pour les questions internationales, a, en revanche, estimé qu’il n’y avait « aucun intérêt » à voir se développer « une nouvelle escalade ».
« L’essentiel a été préservé »
La première ministre danoise, Mette Frederiksen, a indiqué qu’elle ne « comprenait pas » la réaction française. Et si on manifeste une préoccupation dans les représentations diplomatiques de l’est de l’Europe, c’est seulement parce qu’on se demande si le virage de Washington vers l’Indo-Pacifique pourrait, demain, entraîner une diminution des moyens affectés à la protection de ces pays face à la Russie. Quant à l’Italie, l’Irlande, l’Autriche ou les Pays-Bas, ils ont fermement plaidé pour que l’Union européenne ne renonce pas au Conseil du commerce et des technologies, lancé lors de la visite de M. Biden à Bruxelles, en juin. La première réunion de cette instance censée stimuler les investissements aura bien lieu le 29 septembre, à Pittsburgh, alors qu’un report aurait marqué clairement la mauvaise humeur des Vingt-Sept.
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