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En Hongrie, les primaires de l’opposition interrompues par une panne informatique

« Je vais battre Orban », peut-on lire sur cette affiche de campagne de Gergely Karacsony, le maire de Budapest. Il est l’un des favoris des primaire organisées par l’opposition pour désigner un candidat commun aux législatives de 2022. Budapest, le 15 septembre 2021. ATTILA KISBENEDEK / AFP

C’est une panne qui éveille des soupçons. En Hongrie, les premières primaires de l’opposition, pour faire front commun contre le dirigeant souverainiste Viktor Orban, ont été interrompues, samedi 18 septembre, par un problème informatique. Les candidats ont aussitôt blâmé le gouvernement.

Un afflux de connexions a été constaté deux heures après le coup d’envoi dans la matinée, provoquant une surcharge du système informatique et un arrêt du vote électronique. Le processus doit reprendre lundi mais il faudra 36 heures pour déterminer les causes exactes du problème, selon un des organisateurs.

Sans attendre, les chefs de l’opposition ont aussitôt accusé le Premier ministre d’être derrière l’incident, qualifié de « cyberattaque » : « Les cercles du pouvoir ont pris peur (…) face au désir de changement » mais « leur manœuvre ne marchera pas ». « Peu importe l’attaque, peu importe d’où elle vient, il n’y a pas de force capable de stopper ce processus historique », ont-ils ajouté dans un communiqué commun.

Une alliance allant de la gauche aux nationalistes

Le maire libéral et écologiste de Budapest, Gergely Karacsony, qui figure parmi les favoris de la primaire, a évoqué dans les médias des éléments pointant vers « des serveurs chinois », appelant les électeurs à se remobiliser la semaine prochaine.

Le vote doit se dérouler jusqu’au 26 septembre pour départager les cinq prétendants au poste de Premier ministre, puis si nécessaire du 4 au 10 octobre, pour un second tour pour départager les trois arrivés en tête.

C’est un processus inédit qui se joue dans ce pays d’Europe centrale comptant 9,8 millions d’habitants, gouverné depuis 2010 par le Fidesz de Viktor Orban. Portés par des municipales prometteuses en 2019 et des sondages favorables, six partis allant de la gauche aux nationalistes se sont alliés pour tenter de battre le chef du gouvernement sortant aux législatives en avril prochain.

« Malgré les clivages idéologiques », le « tout sauf Orban » l’emporte sur les autres considérations, estime l’analyste Daniel Mikecz, du groupe de réflexion Republikon. Les différentes formations sont unies par leur détestation du Premier ministre souverainiste de 58 ans, coutumier des bras de fer avec Bruxelles sur les migrants ou la question des personnes homosexuelles. Tous l’accusent de dérive autoritaire et de corruption.

Cinq candidats sont en lice pour le poste de futur Premier ministre et une centaine de représentants devront aussi être choisis dans chacune des circonscriptions. Outre M. Karacsony (46 ans), Peter Jakab (41 ans), le chef du Jobbik, un parti au passé d’extrême droite et l’eurodéputée socialiste Klara Dobrev (49 ans) apparaissent bien placés dans les sondages.

Une union sacrée dénoncée par Orban

Cette primaire est le fruit d’un long cheminement entamé en décembre 2020. Qu’elles soient libérale, écologiste, socialiste ou issue de l’extrême droite, les formations représentées au Parlement ont signé une déclaration commune. Elles se sont engagées sur un programme de gouvernement, alors qu’elles s’étaient présentées divisées face au Fidesz aux trois précédents scrutins, remportés haut la main par ce dernier.

Une alliance d’autant plus indispensable que Viktor Orban « a changé la loi électorale » une fois au pouvoir, remodelant le système à son avantage selon ses détracteurs. « Avant, nous avions un système à deux tours », rappelle Ferenc Gelencser, candidat du mouvement centriste Momentum.

Cette union sacrée est vigoureusement dénoncée par les fidèles de M. Orban comme étant artificielle et moralement discutable. Zoltan Kovacs, le porte-parole du gouvernement, déplorait en 2019 une « alliance avec la droite antisémite », en référence au passé du Jobbik.

Jusqu’en 2013, cette formation nationaliste brûlait des drapeaux européens et suggérait d’établir des listes de juifs « à risque ». Hier ostracisée, elle a ces dernières années opéré une tentative de recentrage.

Le Monde avec AFP

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