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Les 20 ans du 11-Septembre : Afghanistan, génération perdue

Ghulam Reza Muhammadi pensait voir grandir ses trois enfants dans le centre de l’Afghanistan, à Bamiyan, que les deux bouddhas dynamités par les talibans, en 2001, ont rendu célèbre. Dans la cour de sa maison, cet archéologue avait planté un saule. Son feuillage devait un jour offrir de l’ombre pour boire le thé. Le 23 août, huit jours après la chute de Kaboul, M. Muhammadi et sa famille ont été parmi les chanceux à être évacués. « Jamais je ne pensais quitter Bamiyan », dit l’Afghan de 43 ans, aujourd’hui dans un camp de réfugiés proche de Berlin.

Né en exil en Iran, Ghulam Reza Muhammadi appartient à cette génération qui a pu s’émanciper en Afghanistan après la chute des talibans provoquée, en 2001, par l’intervention militaire menée par les Etats-Unis. Rassurés par la présence et les aides de la communauté internationale, ces Afghans espéraient vivre dans un pays où les valeurs démocratiques seraient respectées, où les femmes pourraient aller à l’université et avoir accès à l’emploi, où les libertés de la presse et d’expression seraient sanctuarisées. Jamais ces Afghans de la génération 2001 n’ont pensé que les Américains et leurs alliés se retireraient, les livrant, de fait, aux talibans.

C’est cette certitude qui avait poussé Ghulam Reza Muhammadi à s’installer dans son pays d’origine, en 2004. A la vue des deux bouddhas disparus de Bamiyan, son sac lui était tombé des mains. « J’avais un sentiment mêlé de tristesse et de haine. C’était comme si les talibans avaient détruit mon identité. » Cet Afghan hazara (minorité chiite, persécutée par les talibans, pachtouns et sunnites) refusa alors toutes les opportunités de travail en tant qu’ingénieur électronique – il avait obtenu une licence à l’université d’Ispahan (centre de l’Iran) – pour se consacrer à l’étude de la sociologie, du tourisme et de l’archéologie, et travailler sur la restauration de l’héritage culturel de Bamiyan.

« J’ai compris qu’il fallait partir »

Employé de l’Unesco, M. Muhammadi était connu dans la ville. « Aux yeux des talibans, je dois être tué parce que j’ai œuvré toute ma vie professionnelle à protéger les monuments archéologiques liés au bouddhisme », se désole-t-il. Ceux-ci n’ont pas tardé à le traquer. « Ils sont arrivés chez moi le 15 août, mais je n’étais pas là, explique-t-il. Ils ont pris ma voiture et dit à mes voisins : “Dites-lui de venir la récupérer lui-même au bureau de l’Emirat islamique”. Alors j’ai compris qu’il fallait partir. »

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