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Les talibans, ces pointilleux « imitateurs » du prophète

Un taliban prie parmi les fidèles, à la mosquée de Pul-e-Kheshti dans le centre de Kaboul, le 15 août 2021. ANDREW QUILTY / AGENCE VU POUR « LE MONDE »

Plus les jours passent, plus les minces espoirs de voir les talibans s’être convertis aux vertus de la modération politique s’amenuisent. Mais s’il n’est cependant pas exclu que les nouveaux maîtres de l’Afghanistan continuent à faire preuve d’un certain pragmatisme en politique, il y a bien un domaine où ils n’ont aucune raison de changer : la religion.

Les talibans appartiennent à un courant théologique spécifique de l’islam et c’est ce modèle auquel ils n’ont cessé de se référer depuis la création de leur mouvement, en 1994. Puritanisme, lecture littérale du coran, « imitation » stricte du prophète, et cela dans les détails les plus triviaux − de la longueur de la barbe à celle du pantalon, ce dernier devant descendre à mi-chevilles, et pas plus bas : c’est le souci pointilleux de se conformer à ce point à Mahommet qui constitue leur strict credo.

Qualifier les talibans d’« islamistes » est insuffisant, ou trop vague, pour rendre compte de l’idéologie religieuse des « séminaristes » et de leur conception de la charia, la loi islamique.

Il est convenu d’utiliser le terme d’« islamistes » pour désigner ceux que l’on appelait naguère, lors de leur premier passage au pouvoir (de 1996 à 2001), les « étudiants en religion ». Ce terme est cependant trop général pour rendre compte de la vision des chefs talibans, tous des religieux ayant étudié dans les madrasas − écoles coraniques − du Pakistan.

Les ennemis des talibans, depuis la fin de la période communiste et la prise de Kaboul par les combattants du célèbre commandant Ahmad Shah Massoud, en 1992, étaient en effet également des « islamistes » − fussent-ils « modérés ». Les partis les plus importants de la résistance afghane à l’occupation soviétique (1979-1989) se référaient aux courants modernes de l’islam politique, à commencer par celui des Frères musulmans, né en Egypte en 1928. Qualifier les talibans d’« islamistes » est donc insuffisant, ou trop vague, pour rendre compte de l’idéologie religieuse des « séminaristes » et de leur conception de la charia, la loi islamique.

Double influence

Les talibans sont sous la double influence de l’école « deobandi », une madrasa fondée en 1867 au nord de l’Inde britannique, et du wahhabisme, forme officielle de l’islam en Arabie saoudite. L’école deobandi incarne un mouvement réformiste qui visait à propager chez les musulmans du sous-continent indien une version austère de la religion. Il s’agissait de « purifier » un islam jugé dévoyé en exaltant l’authenticité d’un retour aux origines. L’idéologie propagée par les fondateurs de l’école n’était pas sans arrière-pensée : cette dernière naquit dix ans après la « révolte des Cypayes », qui restera dans l’histoire comme le premier grand sursaut anticolonialiste de l’Inde. Il y avait alors chez les thuriféraires du « déobandisme » une double intention, religieuse et politique.

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