L’inquiétude monte en Chine autour de l’avenir du mastodonte Evergrande, fleuron de l’immobilier dont l’endettement abyssal fait désormais craindre une faillite porteuse d’instabilité sociale et économique pour le pays.
Sommé courant août par Pékin de régler « activement » ses problèmes d’endettement, il dit « faire tout son possible » pour maintenir ses activités à flot. Mais certains créanciers réclament désormais des remboursements « immédiats », a indiqué vendredi l’agence Bloomberg.
Poids lourd de l’immobilier
Evergrande est l’un des plus gros groupes privés chinois. Il emploie 200.000 personnes et son activité génère 3,8 millions d’emplois dans le pays, selon l’entreprise.
Il est l’un des principaux promoteurs immobiliers de Chine, avec une présence revendiquée dans plus de 280 villes. Son président, Xu Jiayin, est la cinquième fortune du pays, selon le cabinet spécialisé Hurun.
L’équipe de football Guangzhou FC lors d’une compétition, le 28 novembre 2020 au Qatar (AFP/Archives – KARIM JAAFAR)
Outre l’immobilier, Evergrande est également connu en Chine pour son club de football: le Guangzhou FC (ex-Guangzhou Evergrande), entraîné par le champion du monde italien Fabio Cannavaro.
Et il s’est lancé ces dernières années dans une diversification tous azimuts.
Il est présent sur le florissant marché de l’alimentaire et de l’eau minérale, avec sa marque Evergrande Spring. Il a par ailleurs créé des parcs de loisirs pour enfants, qu’il a voulus « plus grands » que son rival Disney.
Le géant chinois a également investi dans le tourisme, internet, le numérique, les assurances, la santé… mais aussi la voiture électrique. Fondée en 2019, Evergrande Auto avait ainsi pour objectif de relancer le groupe, de révolutionner le secteur et de rivaliser avec le constructeur américain Tesla.
Mais deux ans plus tard, l’entreprise non seulement ne commercialise aucun véhicule. Mais, valorisée un temps à 120 milliards de dollars, elle n’en vaut plus que… 60 milliards, après avoir perdu en quelques semaines la moitié de sa valeur.
Multiplication des acquisitions
Evergrande a multiplié ces dernières années les acquisitions et elle est aujourd’hui lourdement endettée: elle estime son passif à 1,97 milliard de milliards de yuans (257,3 milliards d’euros).
Le groupe est qualifié par Pékin de « rhinocéros gris », terme désignant une grosse entreprise à l’endettement alarmant et qui présente un risque financier systémique.
Le centre China Evergrande à Hong Kong, le 6 août 2021 (AFP/Archives – ISAAC LAWRENCE)
Outre Evergrande, les autorités sont particulièrement préoccupées par l’ampleur des prêts contractés par les grands conglomérats privés du pays et leur labyrinthe de filiales enchevêtrées.
Ces dernières années, le pouvoir les pousse à une cure d’amaigrissement, à l’image de Wanda (immobilier, cinéma, parcs d’attraction), Fosun (tourisme, divertissement) ou encore HNA (tourisme, aviation).
Courant août, Pékin avait publiquement pressé Evergrande de régler « activement » ses problèmes d’endettement. Une démarche inhabituelle à la mesure de l’inquiétude que la santé financière du groupe suscite.
L’action du groupe a dévissé ces derniers mois à la Bourse de Hong Kong: en un an, elle a perdu plus de 70% de sa valeur. Récemment, sous-traitants et fournisseurs se sont plaints de ne pas être payés.
Inquiète des capacités de remboursement à moyen terme, l’agence de notation Moody’s avait ramené début août la note de solidité du groupe à « Caa1 », l’une des plus mauvaises pouvant être attribuée.
Fitch et Standard and Poor’s (S&P) avaient fait de même.
Sous pression
Sur un chantier à Pékin, le 21 août 2021 (AFP/Archives – Noel Celis)
L’immobilier est traditionnellement l’une des locomotives de l’économie chinoise. Et le secteur, qui a attiré l’an dernier plus du quart des investissements, a joué un rôle clé pour la reprise post-pandémie.
Mais Pékin, qui craint une surchauffe, a durci ces derniers mois les conditions d’accès au crédit pour les promoteurs immobiliers.
En vertu des nouvelles règles, Evergrande ne peut désormais plus vendre de biens avant d’en avoir formellement fini la construction. Dans le passé, le groupe avait pourtant largement profité de ce modèle pour se financer et maintenir à flot ses activités.
Malgré la pression, Pékin « ne laissera pas Evergrande faire faillite », estiment les analystes du cabinet SinoInsider, basé aux États-Unis. « Cela aurait un impact considérable sur le régime » et sa stabilité, font-ils remarquer dans une note.
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