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Taïwan, cible numéro 1 et laboratoire de la désinformation chinoise

Tsai Ing-wan lors de sa victoire à l’élection présidentielle taïwanaise, le 5 janvier 2020 à Taipei. SAM YEH / AFP

La victoire écrasante de la présidente Tsai Ing-wen, en 2020, à Taïwan, fut une très mauvaise nouvelle pour Pékin, qui avait tout fait pour l’empêcher. Le scrutin présidentiel et législatif de janvier 2020 a en effet donné lieu au déploiement d’une panoplie complète « d’opérations d’influence, de la production à la dissémination en passant par l’amplification », indique l’étude de l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem) consacrée à ce sujet. Un « Youtubeur taïwanais », appelé Xida, ardent partisan de Han Kuo-yu, le candidat du parti nationaliste chinois du Kuomintang (KMT) pour la ville de Kaoshiung, se révélera ainsi être un journaliste chinois de la Radio nationale chinoise. Près de 66 cas de tentatives de financement de candidats seront identifiés.

Cible numéro un des activités de la base militaire 311 de Fuzhou, Taïwan est la ligne de front principale des opérations informationnelles chinoises. Pékin y mène une guerre politique complexe, à l’aide d’acteurs multiples : armée populaire de libération, Front uni du parti communiste, médias dédiés, fermes de contenu. S’y joignent des relais locaux : entrepreneurs taïwanais en Chine, organisations caritatives, gangsters ou militaires retraités taïwanais. Cette guerre s’est durcie et intensifiée depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen et de sa formation politique, le Parti démocrate progressiste (DPP), vu comme « indépendantiste » par Pékin, aux législatives. Elle a poussé la Chine à mettre en œuvre des tactiques plus agressives et sophistiquées, qui vont faire des élections régionales de novembre 2018, puis des scrutins de 2020 un champ de bataille et un laboratoire pour d’autres opérations d’influence dans le monde.

En 2018, les régionales sont vues comme un test pour le DPP, dont la popularité est en baisse. En septembre, une opération de désinformation chinoise a sans doute conduit au suicide du représentant de Taïwan à Osaka au Japon, quand sur Internet, une campagne a fait croire que la Chine avait organisé l’évacuation de passagers taïwanais et chinois bloqués à l’aéroport du Kansai, après le typhon Jebi, alors que Taïwan n’aurait rien fait pour leur venir en aide. L’information est fausse.

Ensuite, lors de la campagne électorale, le candidat du KMT à Kaoshiung, Han Kuo-yu, quasiment inconnu avant le vote, bénéficie d’une soudaine vague de soutiens sur divers réseaux sociaux, voyant la popularité de sa page officielle sur Facebook croître de façon spectaculaire. L’un des principaux groupes qui le soutiennent sur le réseau social sera soupçonné d’être dirigé par un cybergroupe professionnel chinois. Il mène à des comptes suspects, devenus inactifs au lendemain des élections, et liés à des profils LinkedIn stéréotypés, présentant les mêmes caractéristiques que 249 autres comptes. Han Kuo-yu va remporter la ville de Kaoshsiung – infligeant un cuisant échec au DPP. Il gagnera ensuite les primaires du KMT et sera le candidat de ce parti aux élections de 2020.

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