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Mort du compositeur grec Mikis Theodorakis, symbole de la résistance à travers les époques

Publié le : 02/09/2021 – 10:43

Devenu mondialement célèbre en composant la musique du film « Zorba le Grec », le compositeur grec Mikis Theodorakis est décédé à Athènes à 96 ans. Engagé auprès des communistes au cours de la guerre civile grecque, puis opposant à la dictature des colonels, le musicien, dont l’œuvre a été plusieurs fois interdite, était un symbole de résistance dans son pays.  

Symbole de la résistance à la dictature des colonels en Grèce, le grand compositeur grec, Mikis Theodorakis, est mort à l’âge de 96 ans à Athènes, a-t-on appris jeudi 2 septembre de source hospitalière. 

Ancien résistant et opposant à la dictature des colonels, Mikis Theodorakis était devenu célèbre en composant la musique du film « Zorba le Grec » (1964), une rengaine reprise à travers le monde engtier.

Mais au-delà de ce succès mondial, le musicien a construit une œuvre foisonnante, devenue une incontournable bande-son de la vie de son pays. 

D’oratorios en symphonies, d’hymnes en opéras, il s’est employé, par foi dans la culture populaire, à ouvrir au grand public la tradition classique et la poésie, mettant en musique « Axion Esti », du prix Nobel Odysseas Elytis, ou le « Canto General », de Pablo Neruda.

Il a aussi sorti du ghetto le rebetiko, le « blues grec », et ses instruments traditionnels, dont le bouzouki, héritage de la culture gréco-orientale d’Asie mineure, sur les côtes de l’actuelle Turquie. 

En dépit de ses foucades politiques, ses coups de gueule et accès de susceptibilité, ce géant chaleureux à la tignasse en bataille s’était ainsi hissé au statut de monument national. En revendiquant toujours une farouche indépendance : « du fait de ma taille, je n’ai jamais pu m’incliner », plaisantait-il. 

Bravant une santé fragile, il montait encore régulièrement sur scène ces dernières années, pour recueillir les acclamations de milliers de compatriotes.  

Un parcours de résistant grec

Né le 29 juillet 1925 à Chios, en mer Egée, dans une famille d’origine crétoise, Mikis Theodorakis est l’auteur d’une œuvre gigantesque et le plus célèbre des compositeurs grecs. Ce compositeur précoce – il écrit sa musique dès l’âge de 13 ans, est devenu le symbole de la résistance en Grèce à travers les époques.

Engagé auprès des communistes au cours de la guerre civile qui éclate en Grèce (1946-1949) à la suite du conflit mondial, il est déporté sur l’île-bagne de Macronissos, où il est torturé et en subira de longue séquelles. Il part ensuite à Paris, étudier au conservatoire. 

De retour à Athènes, il se lie à Grigoris Lambrakis, député du parti de gauche, l’EDA, assassiné en novembre 1963 à Thessalonique par l’extrême droite avec la complicité de l’appareil d’État. Dès le début de la dictature des Colonels, qui démarre le 21 avril 1967, Theodorakis est arrêté.  

Sa popularité ne cesse de croître et c’est pour tenter de le réduire au silence que les colonels le jettent en prison et interdisent son travail. Theodorakis devient le symbole de la résistance à la dictature, que la junte est finalement contrainte de laisser partir, à Paris, sous pression de la communauté internationale. 

Il composera plus tard la musique du film « Z » que Costa Gavras dédiera à cette affaire.

Un engagement pendant la crise financière et des dérapages 

Pendant la crise financière qui frappe la Grèce, celui qui a été ministre dans les années 1990 manifeste contre les mesures d’austérité imposées par les créanciers du pays, essuyant même des gaz lacrymogènes lors d’un violente manifestation en février 2012.

« Que ceux qui traitent le peuple comme une ordure sachent que ces ordures peuvent devenir de la dynamite », lançait-il encore aux journalistes en mars 2017. Qualifiant au passage la chancelière allemande Angela Merkel et son ex-ministre des Finances Wolfgang Schäuble « de carnassiers ».  

Mais le droit de regard qu’il a revendiqué jusqu’au bout sur les évolutions politiques l’a plusieurs fois fait déraper. 

Mikis Theodorakis avait ainsi comparé Georges Bush à Hitler, ou qualifié en 2003 le peuple juif de « racine du mal », après avoir longtemps concilié engagement pro-palestinien et amitié avec Israël.

Il avait aussi apporté sa caution en février 2018 aux franges les plus nationalistes de l’opinion publique grecque, opposées à tout accord sur le partage du nom de la province septentrionale de Macédoine avec le petit État voisin. 

« Mes frères, fascistes, racistes »… son adresse à la foule pendant une grande manifestation organisée alors à Athènes avait choqué.  

Avec AFP

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