France World

Les entreprises peuvent (presque) se passer des aides de l’Etat

Le « quoi qu’il en coûte », c’est fini. Place au « sur mesure ». Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé, ce lundi matin, la suppression du fonds de solidarité pour les entreprises à compter du 30 septembre. Un mécanisme qui a déjà coûté 35 milliards d’euros à l’Etat. Le patron de Bercy s’est toutefois employé à rassurer les patrons des secteurs toujours impactés par la crise sanitaire (évènementiel, agences de voyage…). Des plans d’action spécifique vont être élaborés. Par ailleurs, un dispositif déjà existant de prise en charge partielle des coûts fixes sera maintenu et étendu aux entreprises réalisant moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires. Bruno Le Maire a justifié ce changement de braquet en expliquant que l’économie française tourne désormais à 99% de ses capacités. Il avait d’ailleurs déjà revu à la hausse sa prévision de croissance annuelle de 5% à 6%.

De fait, le déversement d’argent public a, jusqu’à présent, largement permis de limiter la casse pour les entreprises et de faciliter le redémarrage de l’économie. Grâce au maintien des salariés en activité partielle, le taux de chômage s’est stabilisé à 8%, son niveau de fin 2019, loin des 11% redoutés. Le « gel » des procédures collectives, les prêts garantis par l’Etat (PGE) et les reports de

charges ont réduit le nombre de défaillances d’entreprises à 28.000 sur les douze derniers mois, moitié moins qu’en temps normal. Après avoir chuté au printemps 2020, le taux de marge est carrément reparti en flèche. Comme un symbole, les fleurons du CAC 40 ont enregistré des profits records au premier semestre, tirés par le luxe ou la tech. Certains ont même eu un brin de chance comme Dassault Systèmes. « On a racheté, avant la crise, Medidata, spécialiste du digital médical, qui est en plein boom et pèse 40% du chiffre d’affaires », se félicite Laurent Dassault.

L’industrie bien orientée

« Avec les PGE, les entreprises ont eu moins besoin de couper dans leurs investissements pour préserver la trésorerie », approuve Denis Ferrand, économiste chez Rexecode. Après le choc amorti de 2020, les industriels tablent désormais sur une hausse de l’investissement de 10%, voire de 28% pour le secteur des biens d’équipement. Le climat des affaires dans l’industrie a retrouvé son plus haut niveau depuis mai 2018. Le solde d’opinion sur les carnets de commandes étrangers est repassé au-dessus de sa moyenne de longue période, une première depuis le début de la crise. Le moral des patrons dans les services et le commerce a également redécollé même si l’on note un petit coup de mou récent, avec la menace du variant Delta et l’instauration du pass sanitaire.

Par ailleurs, certains industriels ne performent pas autant qu’ils le devraient, en raison de difficultés d’approvisionnement. Des usines automobiles n’ont pas repris leur activité après la coupure estivale, comme celle de Toyota, près de Valenciennes. La faute à une pénurie de semi-conducteurs en provenance d’Asie. Le redémarrage simultané des grandes économies mondiales a provoqué des goulots d’étranglement et fait grimper le prix des composants et des matières premières. « Nous avons d’énormes difficultés pour nous procurer du verre et sommes obligés de faire des quotas par client », explique Jean-Michel Dupuis, DRH de AGC Glass France, fournisseur pour l’automobile ou le bâtiment. La situation devrait toutefois bientôt se normaliser. « Le pire semble derrière nous pour les semi-conducteurs, assure Denis Ferrand. La pénurie a notamment été provoquée par des achats exceptionnels d’équipements électroniques aux Etats-Unis, elle va se résorber. »

Le Medef est davantage préoccupé par les difficultés structurelles de recrutement que rencontrent ses adhérents, comme l’a déjà raconté Challenges. Amplifiées par la pandémie, elles freinent aussi la reprise. Les économistes alertent aussi sur la dette accumulée, qui va peser à terme sur les capacités de financement des entreprises. « Avec la fin des aides et le début des remboursements des PGE en 2022, les ratios financiers vont se dégrader et les banques risquent de resserrer davantage les conditions de crédit », prévient Selin Özyurt, économiste d’Euler Hermes. Les faillites devraient inéluctablement repartir à la hausse dans les mois à venir.

]

Source

L’article Les entreprises peuvent (presque) se passer des aides de l’Etat est apparu en premier sur zimo news.