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Jeux paralympiques 2021 : en Chine, une approche sportive élitiste, mais aussi sociale

Tang Xuemei (en haut à gauche) a perdu sa jambe lors du séisme de mai 2008 au Sichuan, qui a fait plus de 80 000 victimes et personnes disparues. Depuis, elle a remporté la médaille d’or en volley-ball assis aux Jeux olympiques en 2012 et sera présente à Tokyo. HANDOUT / AFP

L’hégémonie est presque affolante. Aux Jeux paralympiques d’Athènes, en 2004, la Chine remporte 141 médailles, dont 63 titres. En 2008, à domicile pour l’édition pékinoise, l’empire du Milieu écrase la concurrence avec 211 médailles, dont 89 en or. Quatre ans plus tard, on compte 231 récompenses, avec 95 en or, soit 20 % des titres en jeu à Londres. A Rio, en 2016, la Chine se trouve une nouvelle fois tout en haut du classement, avec 239 médailles, dont 107 en or. A Tokyo, lors des seizièmes Jeux paralympiques d’été, du 24 août au 5 septembre, la délégation chinoise va tenter de terminer en tête du classement des médailles pour la cinquième fois d’affilée.

Cette suprématie tient, pour une large part, au dispositif mis en place, il y a près de quinze ans, par les autorités chinoises pour détecter et former les athlètes paralympiques. Un « système élitiste », comme le qualifie Guan Zhixun, professeur associé à l’université du Zhejiang et auteur du livre Body and Politics : Elite Disability Sport in China (publié aux Etats-Unis en 2018, non traduit). Le système repose sur un centre d’entraînement national réservé au handisport (le China Disability Sports Training Centre) et 225 centres répartis dans les provinces du pays.

Les résultats qu’il produit sont d’abord un outil de communication pour la Chine, selon Antoine Bondaz : « Ils ont formé une élite sportive parce qu’ils se sont rendu compte que peu de pays investissaient massivement dans le sport paralympique. Ce qui offre une hégémonie sportive et un gain politique majeur », précise le chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique.

Cette architecture et ses succès ont aussi été pensés, par l’Etat chinois, comme vecteurs d’une plus grande inclusion des personnes handicapées. Car, si le handisport chinois brille au plan mondial, le quotidien des handicapés en Chine reste difficile. « Les 85 millions de personnes handicapées ont une faible visibilité », note Antoine Bondaz. Leur accès aux services sociaux, tels que l’éducation et la formation, reste faible par rapport au reste de la population.

En 2013, Human Rights Watch avait appelé à mettre fin à la discrimination et à l’exclusion dont sont victimes les enfants handicapés, arguant notamment de difficultés en matière d’éducation. « C’est bien la preuve qu’il reste encore beaucoup à faire pour effacer cette discrimination presque culturelle du handicap », poursuit le chercheur.

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