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L’Union européenne bute sur une politique d’accueil des Afghans

Le premier ministre slovène, Janez Jansa, le 6 juillet 2021, au Parlement européen, à Strasbourg. PATRICK HERTZOG / AFP

Le premier ministre slovène, Janez Jansa, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE), a pris position, dimanche 22 août, dans le débat houleux qui s’annonce sur l’accueil des réfugiés afghans en Europe. « L’UE n’ouvrira aucun couloir de migration depuis l’Afghanistan », a-t-il déclaré dans un tweet, accompagné d’images trompeuses de foules de migrants.

« Ce n’est pas le devoir de l’UE ou de la Slovénie d’aider et de payer tous les gens de la planète qui fuient, au lieu de lutter pour leur pays », a-t-il ajouté. Lundi, le silence des autres dirigeants européens après ces déclarations témoignait du malaise des Etats membres quant au sort des Afghans terrorisés par la prise de pouvoir des talibans, à la suite du retrait des forces occidentales du pays.

Les déclarations du populiste slovène, dont les tweets intempestifs lui ont valu le surnom de « Trump européen », n’ont en soi rien d’étonnant. Mais M. Jansa prétend parler au nom des Vingt-Sept, profitant du fait que l’Europe n’a pas encore adopté une politique d’accueil des Afghans en danger, comme les journalistes ou les employés d’organisations non gouvernementales (ONG). Le président du Parlement européen, David Sassoli, a rappelé que « ce n’est pas à la présidence du Conseil de dire ce que l’UE va faire ». Paolo Gentiloni, commissaire aux affaires économiques, a, lui, précisé que le Slovène n’avait « aucun pouvoir décisionnel » sur la position de l’UE.

Dessiner une position européenne

Le Royaume-Uni s’est dit prêt à accueillir « à long terme » 20 000 réfugiés afghans, tout comme le Canada. Si les Vingt-Sept se sont engagés à évacuer d’Afghanistan leurs collaborateurs locaux, aucun n’a annoncé d’objectif chiffré pour l’accueil d’autres réfugiés potentiels. Les divisions se font visibles entre les dirigeants, qui insistent sur le contrôle des frontières de l’UE, mais concèdent qu’il faut protéger les personnes menacées, et ceux qui tapent sur le clou d’une politique d’asile ferme. « On parle souvent des leçons à tirer de la crise migratoire de 2015. Le fait que ces divisions sont nuisibles aurait dû être l’une d’elles », regrette Camille Le Coz, du Migration Policy Institute.

Dimanche, le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, assurait que son pays n’accueillerait pas d’exilés d’Afghanistan. La Grèce, en première ligne des flux migratoires, a fait savoir qu’elle les empêcherait de franchir ses frontières. D’autres pays sont plus ambigus. L’Allemagne, qui avait ouvert la porte à plus d’un million de Syriens en 2015, a évoqué un accueil « contrôlé » des Afghans. Le président, Emmanuel Macron, a assuré que la France prendrait sa part « dans le cadre d’un effort international organisé et juste », mais a promis une « réponse robuste » aux « flux migratoires irréguliers ».

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