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L’Empire romain face à la grande dépression

Par Jérôme Gautheret et Thomas Wieder

Publié aujourd’hui à 01h00, mis à jour à 05h34

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Récit« Dernières nouvelles de la chute de Rome » (4/6). Au Ve siècle, le gigantesque réseau commercial romain se délite, mis à mal par les invasions et les révoltes sociales. Son économie ne s’en remettra pas.

Abandonnons un instant les méditations sur les ruines, les promenades autour du Palatin, les colonnades et les obélisques. Bien sûr, les monuments de l’Antiquité suggèrent la grandeur passée. Ils étaient construits dans le but de flatter les Romains et d’impressionner les visiteurs. Et, au fond, ils continuent à faire leur effet, plus de quinze siècles après la fin de l’Empire. Mais pour imaginer à sa juste mesure la grandeur de ce dernier, il faut tourner le dos à ces fastes et se diriger vers la mer, du côté de l’aéroport de Fiumicino.

Là, on s’arrêtera juste à côté des pistes, au pied de la bretelle de raccordement menant aux terminaux, devant l’entrée d’un parc archéologique d’une centaine d’hectares coincé entre les parkings et les voies rapides, qui figure à peine dans les guides touristiques.

Bienvenue à Portus, l’une des créations urbanistiques les plus vertigineuses de l’Antiquité. Pour se faire une idée de l’importance de ce site, il importe de faire abstraction de ce qui l’entoure en ce début de XXIe siècle et de se le représenter comme un port artificiel situé dans une zone de marais au bord de la mer Tyrrhénienne (aujourd’hui, la côte est à 3 kilomètres), dont l’entrée était marquée par un phare similaire à celui d’Alexandrie.

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Voulu par Jules César pour remédier à l’engorgement du port d’Ostie, devenu trop petit, puis mis en chantier par l’empereur Claude au milieu du Ier siècle de notre ère et inauguré par Néron en 64, Portus a été embelli et achevé sous Trajan (98-117).

Ce port artificiel devait répondre aux besoins colossaux d’une métropole qui, à son apogée sous le règne d’Auguste (27 av. J.-C.-14 ap. J.-C), comptait environ un million d’habitants. Un défi dont dépendait la paix sociale à Rome – et donc la tranquillité des empereurs.

Un équilibre en péril

Les navires entraient dans un premier bassin artificiel d’une surface de 200 hectares, puis accostaient dans deux bassins intérieurs pour que leurs cargaisons soient déchargées dans des entrepôts avant d’être envoyées à Rome par la route ou par le Tibre, lui-même raccordé à Portus par un système de canaux. Quand le port tournait à plein régime, le débit était impressionnant : les archéologues estiment que jusqu’à 200 navires pouvaient débarquer chaque jour à Portus, dont la plupart venaient d’Espagne ou d’Afrique.

Tout cela, on le devine plus qu’on ne le voit car la plus grande partie du site reste à explorer. Mais on distingue nettement le tracé des canaux, ensablés depuis des siècles, ainsi que les restes de plusieurs bâtiments immenses, parmi lesquels une basilique paléochrétienne qui semble avoir servi jusqu’au XIIIe siècle.

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