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Afghanistan : au lendemain de la chute de Kaboul, la peur et la panique d’une population qui cherche à fuir

Des hélicoptères militaires américains transportent des diplomates de l’ambassade à l’aéroport, à Kaboul, le 15 août 2021. ANDREW QUILTY / AGENCE VU POUR « LE MONDE »

La nuit avant la chute de Kaboul a été bien courte. Des hélicoptères qui ont rasé le ciel toutes les deux, trois minutes n’ont laissé guère place à un semblant de calme nocturne. Les talibans étaient d’ores et déjà aux portes de Kaboul, à quelques dizaines de kilomètres. Vers minuit, heure locale, après l’annonce de la chute de Jalalabad (est) aux mains des talibans – et cela sans aucun combat –, les minces espoirs que les forces gouvernementales pourraient avoir une chance de faire face se sont évaporés.

Toute la nuit du samedi 14 au dimanche 15 août, sur l’application Clubhouse, un réseau de discussions et de débats audio, les Afghanes expliquaient leurs craintes d’un retour au pouvoir des insurgés islamistes. « Nous ne sommes pas morts, nous respirons encore », « Quel sort attend nos filles ? », « Nous avons besoin d’aide, s’il vous plaît ! » Tant de messages de détresse depuis la capitale afghane… « J’attends qu’un miracle se produise. Je veux que quelqu’un vienne me réveiller et me dise que c’était juste un cauchemar. Réveille-toi ! c’est fini !” », a tweeté une jeune journaliste afghane. Comme beaucoup d’autres de sa génération, elle a grandi et est devenue journaliste grâce à la chute des talibans en 2001, après une intervention militaire menée par les Etats-Unis. Désormais, elle risque sa vie.

Un combattant taliban, escorté par la foule dans une rue de Kaboul, le 15 août 2021. ANDREW QUILTY / AGENCE VU POUR « LE MONDE »

A 2 heures du matin, les explications du premier vice-président afghan, Amrullah Saleh, assurant, contre toute évidence, que les talibans n’avaient pas pris la prison Pul-e-Sharki (le plus grand centre de détention du pays) n’ont guère aidé. Ces derniers jours, plus les officiels du gouvernement du président Ashraf Ghani se voulaient rassurants, moins les Afghans se sentaient entre de bonnes mains, tant leurs assurances s’étaient révélées fausses. La nouvelle de la précipitation de l’évacuation des employés de l’ambassade américaine – en moins de trente-six heures – a ajouté à la panique générale : les talibans étaient bien sur le point d’entrer dans Kaboul et la situation pourrait se dégrader rapidement. « Les Américains ont eu tout faux », se disaient de nombreux Afghans.

Files interminables

Kaboul s’est réveillée avec un sentiment de gueule de bois. Dès 6 heures du matin, de grandes foules attendaient devant les banques, cherchant en vain à retirer tous leurs avoirs. Les distributeurs n’ont guère de réserve et rejettent aussi les demandes des clients. Sur la route vers l’aéroport de Kaboul, une longue file de voitures attend de passer les nombreuses étapes de contrôle de sécurité.

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