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JO de Rio 2016 : médaillé d’or, Cheick Cissé fait aimer le taekwondo à la Côte d’Ivoire

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L’Ivoirien Cheick Cissé (à droite) affronte le Britannique Lutalo Muhammad pour la médaille d’or de taekwondo dans la catégorie des moins de 80 kg, lors des Jeux olympiques de Rio, le 19 août 2016. ED JONES / AFP

La victoire, dit-on, est encore plus belle quand elle est acquise dans les tout derniers instants. En 2016, les Jeux olympiques de Rio de Janeiro ont permis au taekwondoïste de Côte d’Ivoire Cheick Cissé d’en faire l’expérience.

Le 19 août, alors qu’il est mené 4-6 par le Britannique d’origine zimbabwéenne Lutalo Muhammad, il porte un coup arrière circulaire à la tête de son adversaire à quelques secondes de la fin du combat. Un geste aussi spectaculaire qu’inattendu qui lui rapporte quatre points et lui permet devenir le premier Ivoirien à remporter une médaille d’or olympique.

« Le président de la Fédération ivoirienne de taekwondo n’a pas vu la fin de mon combat. Il avait caché son visage derrière ses mains et priait tout en se disant que c’était déjà bien d’avoir une médaille d’argent », relate Cheick Cissé, près de cinq ans après son titre.

Les minutes qui suivent cette victoire que tout un peuple célèbre déjà à Abidjan, Bouaké ou San Pedro, l’athlète ivoirien les conserve intactes dans sa mémoire : « J’ai eu besoin de quelques secondes pour vraiment réaliser et j’ai pensé à ma famille, puis à ceux qui ont partagé mes souffrances car, pour obtenir un titre olympique, il faut beaucoup travailler et souffrir, et aussi au peuple ivoirien, qui venait déjà de vivre une grande joie. »

Pas le grand favori

Quelques heures plus tôt en effet, lors de cette journée magique pour le pays d’Afrique de l’Ouest, la jeune Ruth Gbagbi (22 ans) avait déjà obtenu une médaille d’argent, également en taekwondo, dans la catégorie des moins de 67 kilos, la première pour une femme ivoirienne aux Jeux olympiques.

Cheick Cissé avait posé le pied au Brésil quelques jours plus tôt avec un certain statut, escorté de plusieurs titres et d’une étiquette de candidat à une médaille. S’il fait alors partie de ceux qui peuvent viser le podium, il n’est pas non plus considéré comme le grand favori.

« La Côte d’Ivoire imaginait davantage la sprinteuse Murielle Ahouré comme une possible championne olympique, explique-t-il. Alors je me suis concentré sur mes combats. Je m’étais également imprégné de ce que j’avais vu au village olympique, en croisant d’immenses champions comme Usain Bolt ou Roger Federer, qui ont tout gagné, mais en veulent toujours plus et sont de véritables exemples. »

Ce 19 août 2016, Cheick Cissé l’aborde avec détermination, soucieux de dédramatiser le contexte olympique pour évacuer un surplus de pression. L’Ivoirien a accumulé les bonnes performances avant le grand rendez-vous carioca, remportant plusieurs compétitions. Lors de son premier combat, il bat largement le Polonais Piotr Pazinski (8-2), puis l’Allemand Tahir Güleç (7-1) au second tour.

Eliminé à Tokyo

En demi-finale, il se prépare à affronter le « redoutable » Tunisien Oussama Oueslati : « C’était un adversaire difficile, qui m’avait battu quelques semaines plus tôt. Mais j’ai pris ma revanche et, là, j’ai compris que je pouvais offrir à la Côte d’Ivoire la première médaille d’or de son histoire. »

On connaît la suite. Après sa victoire contre Lutalo Muhammad, Cheick Cissé revoit le film des évènements défiler, parfois dans le désordre : la joie partagée avec l’entraîneur et le staff, la remise de la médaille, l’hymne national, le téléphone qui sonne sans cesse, avec des messages par dizaines, la fête au village olympique… Alassane Ouattara, le chef de l’Etat ivoirien, est l’un des premiers à le féliciter, tout en lui donnant rendez-vous à Abidjan, trois jours plus tard, où l’accueil populaire promet d’être démesuré.

« J’ai su que les Ivoiriens étaient très fiers de cette médaille et je l’ai constaté en rentrant au pays. C’était formidable, intense, dans un pays qui est fou de foot, mais qui a su montrer sa reconnaissance pour un Ivoirien pratiquant une discipline moins suivie », se réjouit-il.

Entre les réceptions et les invitations à s’exprimer devant les membres du gouvernement, Cheick Cissé peut mesurer sa popularité chaque fois qu’il marche dans la rue. Le champion olympique, qui s’est installé à Palma (Espagne), devait défendre son titre à Tokyo, mais il a cette fois été éliminé en huitièmes de finale…

Sommaire de notre série « Ces Africains qui ont fait les JO »

Ils et elles ont pulvérisé des records, fait vibrer les foules et mentir les préjugés de leur époque. Portraits de ces athlètes africains qui ont fait l’histoire des Jeux olympiques.

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