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Les paysans indiens déterminés à poursuivre leur mobilisation forment leur assemblée

Des agriculteurs crient des slogans alors qu’ils arrivent dans un bus pour assister à un sit-in de protestation contre les lois agricoles, près du parlement, à New Delhi, en Inde, le 22 juillet 2021. ADNAN ABIDI / REUTERS

Le site est lourdement encadré par des escadrons de policiers et de paramilitaires armés, et fermé par de grosses barrières métalliques. Il faut décliner son identité, franchir plusieurs postes de contrôle pour atteindre le « Parlement des agriculteurs ». Depuis le 22 juillet, les paysans indiens ont obtenu le droit de manifester sous étroite surveillance au centre de Delhi, à Jantar Mantar, un lieu qui abrite un observatoire datant de l’ère moghole et qui fut le théâtre dans le passé d’innombrables protestations en raison de sa proximité avec le Parlement indien.

Symboliquement, les paysans ont installé, alors que les députés sont réunis en session jusqu’au 9 août, une assemblée non officielle, le Kisan Sansad (le « Parlement des agriculteurs », littéralement). Les équipements en plein air sont modestes : une grande bâche, des chaises en plastiques, des sanitaires provisoires. L’opposition, qui soutient le mouvement, a été interdite d’accès.

Chaque jour, seulement deux cents paysans y sont admis, étant acheminés en bus, sous escorte policière, des sites de Ghazipur, Tikri et Singhu Border, où des milliers d’agriculteurs campent depuis huit mois et bloquent les accès à la capitale depuis les Etats de Haryana et d’Uttar Pradesh. Ils demandent le retrait de trois lois qui libéralisent le commerce des produits agricoles, l’ouvrent au privé et mettent fin aux marchés régulés, qui assuraient jusque-là aux paysans un prix minimum sur leur production.

Mouvement historique

La mousson qui détrempe Delhi depuis plusieurs jours ne décourage pas les participants – des hommes, en majorité, des paysans sikhs portant turban et drapeau de leur syndicat, et qui se relaient au micro pour défendre un modèle agricole hérité de la « révolution verte » et pourfendre les dangers de la réforme. Gupparvinder Singh, un fermier de Firozpur, dans le Pendjab, est arrivé à Singhu dès le mois de novembre 2020 et veut témoigner de sa détermination malgré l’échec des négociations avec le gouvernement et l’impasse dans laquelle se trouve leur mouvement. « Nous avons encore beaucoup d’espoir, parce que notre mouvement est historique. Nous tiendrons jusqu’en 2024 s’il le faut », assure t-il, un badge autour du cou affichant son identité.

Les paysans, qui se défendent de faire de la politique contre le premier ministre, Narendra Modi, ont bien en tête le calendrier politique, les élections générales dans trois ans, et les élections régionales dans quelques mois dans l’Uttar Pradesh et le Penjab, et où les voix des paysans vont compter. L’un des leaders de ces derniers, Rakesh Tikait, a annoncé qu’ils bloqueraient à partir de septembre les accès à la ville de Lucknow, capitale de l’Uttar Pradesh. Malgré l’ampleur inédite de la colère paysanne, le gouvernement continue d’affirmer que sa réforme donnera aux agriculteurs un meilleur accès au marché et stimulera la production grâce aux investissements privés.

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