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La Birmanie face au spectre de la malnutrition

Des personnes reçoivent des sacs de riz distribués par le Programme alimentaire mondial, dans la périphérie de Rangoun, en Birmanie, le 21 mai 2021. STR / AFP

Plus de six millions de Birmans risquent, à court terme, de voir la qualité de leur alimentation chuter, voire d’être confrontés à de quasi-disettes, affirment au Monde d’anciens experts d’institutions internationales encore récemment en poste au Myanmar. Ces sources, qui ont requis l’anonymat en raison de la sensitivité d’un sujet sur lequel ces institutions ne se sont pas encore publiquement exprimées, s’alarment du fait que, depuis le coup d’Etat militaire du 1er février, « les progrès enregistrés durant la décennie écoulée en termes de réduction de la pauvreté, de malnutrition et de sécurité alimentaire sont à l’arrêt depuis le putsch et, dans certaines zones du pays, en train de reculer ».

Ces mêmes sources ont collecté des informations inquiétantes dans des régions centrales du pays et des sept Etats « ethniques » de la fédération, ces derniers étant situés sur une périphérie au sein de laquelle les combats ont récemment repris – ou se sont accrus – entre les guérillas locales et la Tatmadaw, les forces armées birmanes. S’il est malaisé pour ces experts de dresser un tableau précis de la situation alimentaire zone par zone, il est clair que les affrontements ont, dans ces Etats, eu des conséquences directes sur l’approvisionnement en nourriture et, singulièrement, la nutrition des enfants. Outre le fait que les combats ont provoqué les déplacements internes de centaines de milliers de personnes, surtout dans les Etats karen, au sud-est, et kachin, au nord.

Dès le mois d’avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait sonné l’alarme, prévenant que la hausse des prix des denrées et du fuel domestique risquaient de « grandement affaiblir la capacité des plus pauvres et des sections les plus vulnérables de la société à nourrir leurs familles », comme l’avait dit à l’époque Stephen Anderson, directeur du bureau du PAM pour la Birmanie. Le prix de l’huile de palme avait augmenté de 20 %, celui du riz de 35 % – notamment dans lEtat kachin –, et celui du fuel de 15 % à l’échelle nationale.

« L’espoir était à l’horizon »

Les experts redoutent que le nombre des pauvres ne double d’ici à 2022 alors que, selon les chiffres de la Banque mondiale, près de 30 % des 54 millions de Birmans vivaient déjà, il y a deux ans, avec moins de 1,590 kyat par jour : soit moins d’un dollar (0,85 euros) au taux de change d’alors de la monnaie birmane.

Avant le coup d’Etat, deux millions huit cent mille personnes souffraient de carences alimentaires et plus de la moitié de la population ne pouvait disposer d’un régime alimentaire adéquat. Désormais, pointent nos sources, « entre un million cinq cent mille et trois millions quatre cent mille personnes de plus pourraient basculer dans une situation d’insécurité alimentaire ». L’écroulement du secteur bancaire, affaibli par la grève générale, a de surcroît eu des conséquences dramatiques pour les agriculteurs dont l’accès au crédit a été fortement diminué.

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